22 déc. 2003

Il faut bien avouer que toute cette histoire de télévision, de pub et de peur m'a bien passionné à mon tour...
Dixit mon frère :
"Il ne faut pas blâmer le contenant mais le contenu... la pub tout comme la télé pourrait être un formidable outil de communication et d'éducation ! Les affiches dans le métro ne seraient plus du matraquage, mais des outils de choix de consommation intelligents et consciencieux, comme le réclament les altermondialistes par exemple... Mais la pub est laide et ennuyeuse, je ne la vois même plus, sauf lorsqu'elle est si grotesque ou si bandante que je ne peux en détacher mon regard."
Dixit ma mère :
"Je suis intimement convaincu que la pub ne m'influence pas du tout dans mes choix, pas plus que la télé, j'ai la sensation de ne pas la voir... et pourtant je suis quelqu'un d'ordinaire, comme tout le monde, et il y a toujours autant de pub et elle semble avoir de l'effet sur les gens. Par conséquent je dois me tromper : je suis influencé par la pub sans même m'en rendre compte, et c'est ça qui fait peur, plus que le contenu, plus que tout le reste !"
Bien sûr, taguer les pubs ne résout rien... taguer les pubs, c'est matraquer inlassablement le même message un peu laid sur tous les murs du métro, c'est donc faire aussi de la pub... de la pub anti-pub.
Mais je ne peux pas croire que la pub soit aussi mauvaise par nature, tout comme mon frère le pense : des pubs m'ont fait rire ou m'ont ému, des pubs m'ont appris des choses... mais ces pubs bénéfiques ne sont qu'une infime partie de toute la masse publicitaire qui déferle sur nos pauvres yeux endoloris. C'est le niveau de la pub qu'il faut relever, pas sa nature. La pub peut faire de nous des consommateurs responsables, j'en suis convaincu.
Petit exemple amusant : la publicité comparative, tant de fois décriée, tant de fois interdite... pourtant pas si éloignée de l'idée de "consommation citoyenne responsable" qu'on encense actuellement. Seulement le pub ment tout le temps... alors comment faire de la pub comparative dans ces conditions ?
J'aime la télé, je l'aime vraiment ; mais je ne peux pas lui faire confiance ! La pub me coupe parfois mes films préférés, mais je lui pardonne, et elle doit continuer, la pub peut être une expression artistique idéale, rapide, pas chère à produire, accessible à tous, le paradis des jeunes auteurs en quête de reconnaissance ! Néanmoins je la déteste si elle continue à être bêtement répétitive et dégradante.
Et je terminerai cette série de voeux pieux par une remarque qui me fait souvent sourire : on dit toujours que la télé, la pub ou le cinéma ont coupé les gens les uns des autres et que nous ne parlons presque plus. Cela n'est pas faux, mais réfléchissez : les rares fois où vous vous parlez entre vous, ne parlez vous pas à au moins 75% de ce que vous avez vu à la télé, au cinéma, ou dans les pubs, nnh ?

18 déc. 2003

"L'angoisse n'est que silence. Silence devant le poste de télévision"

Oubliées les phrases sacrées des grands-pères
Aux âtres des grandes cheminées de pierre
Envolés les rires des nuits de moissons
Et allumés les postes de télévision


et c'est encore de la télévision que nous viennent ces images d'horreur, les images de la guerre et de l'insécurité, ces images qui nous disent : "restez bien chez vous à consommer des DVD, et si vous êtes obligés de prendre le métro, regardez les publicités et pas les gens autour de vous".

N'écoutez surtout pas ceux qui s'expriment : la plupart du temps ils n'ont pas un discours construit. Entre ceux qui demandent de l'argent en vous culpabilisant d'être du bon côté et ceux qui gueulent simplement parce qu'ils ont trop bu, parce qu'ils sont perdus, parce qu'ils n'ont rien à perdre, parce qu'il ne leur reste que la violence.

N'écoutez pas ces voix réelles et continuez à acheter ce qu'on vous promet sur les affiches publicitaires. C'est votre salut. Consommer plus pour rester au-dessus de cette masse qui fait peur, pour s'en sortir. gagner plus d'argent pour ne plus avoir à cotoyer la misère. Regarder un DVD tout seul devant sa télé pour ne pas avoir à penser qu'on est seul.

Et aussi, regardez les séries débiles pour adolescents, qui simplifient à l'extrême les rapports humains pour qu'on n'y comprenne rien. Ca devrait pourtant être un formidable outil d'éducation, non ? Eh bien, je n'en sait rien, je ne suis plus si jeune, mais à mon avis l'image de la femme n'a pas avancé d'un pouce, la communication entre les sexes non plus, la gestion de la frustration à l'heure de la consommation à tout va, consommation de sexe aussi...
Il parait que les jeunes n'organisent plus de _grosses_bêtises_ comme avant (moi j'ai jamais fait ça non plus d'ailleurs). Que leur révolte se résume aujourd'hui à des actes d'incivilités de plus en plus destructrices. C'est encore la peur, la peur d'être pris au sérieux, d'avoir à prendre ses responsabilités.

Et moi, avec mon discours tout décousu aujourd'hui je veux dire quoi exactement ? Je veux dire marre marre marre ? Et c'est quoi le message exactement ? Qu'il faut arrêter d'avoir peur ? Qu'il faut se dire, enfin, qu'on n'a rien à perdre. Qu'on a tout à oser. Oser descendre dans la rue et écrire sur les affiches "OUI, on peut passer Noël sans Ferrero Rocher". Oser escalader les murs pour explorer derrière, oser boire trop sans savoir jusqu'où ira l'excès, oser offrir un bisou à son voisin dans le métro, oser faire un geste vers cet SDF qui ne sait pas s'il va mourir de froid ou dans un coma éthylique. Oser dire "j'ai besoin d'amour", "j'ai envie de partage", "je suis heureux de passer du temps avec mes amis" et je n'ai pas besoin du dernier MY X-6, et je n'ai pas besoin de ferrero rocher, j'ai besoin de quasiment rien de ce qui s'achète et vous contribuez à ma solitude en continuant à me faire entrer dans le crâne que j'en ai besoin, que c'est ça qui me rendra heureux, et que si je me soustrais à cette frénésie c'est que je suis malade.

groumf. Non mais.

25 nov. 2003

A mon sens il est une notion indissociable de la liberté, il s'agit de la peur.
Nous sommes libres de commettre n'importe quel acte après tout, meurtre, viol, et ensuite nous en subissons les conséquences : la justice, la vengeance, la prison. On peut par conséquent imaginer que la peur d'être puni contribue en grande partie à notre reflexe social et à notre respect de l'autre. Si tu ne laisses pas un peu de liberté à l'autre, ce dernier viendra t'éclater ta gueule. On désire la liberté, et pourtant celle-ci parfois fait un peu peur.
Voilà un sentiment fascinant, la peur... on la résume trop souvent à n'être que la partie visible de l'instinct de survie, en s'imaginant qu'on a peur du noir car, oui, des choses dangereuses peuvent se tapir dans l'obscurité, on a peur des araignées car, oui, certaines araignées ont une piqûre vénimeuse, on a peur de la justice car, oui, les tribunaux ont définitivement les moyens de vous faire du mal.
Et pourtant la peur est plus que cela... il n'y a pas que la peur ponctuelle et matérielle que je viens d'évoquer - appelons-la la terreur, s'y ajoute également une partie de la peur que j'appellerai l'angoisse. L'angoisse est permanente, elle n'a pas d'objet bien précis comme la terreur ; on a peur du vide, on a l'angoisse de l'avenir, on a peur du feu, on a l'angoisse de l'échec. La terreur fait de vous un survivant, l'angoisse fait de vous un lâche. Hélas il est bien plus difficile de lutter contre l'angoisse que contre la terreur : aucune thérapie, aucune volonté ne peut vaincre le sentiment de vide qui nous accable trop souvent ou la détresse qui se lit dans nos yeux lorsque nous nous demandons à quoi cela sert de continuer à vivre pour les autres.
La terreur nous mène sur le chemin le plus sûr, l'angoisse nous fait baisser la tête : elle fait de nous des consommateurs amorphes honteux de leurs rares éclairs d'esprit critiques ; elle nous empêche souvent de nous exprimer et nous fait rater mille occasions d'être heureux ; elle est la petite voix qui nous chuchote de ne pas nous excuser lorsque l'on blesse quelqu'un au nom de l'"honneur" que j'appelle l'orgueil, de ne pas prendre en défaut nos amis et de les laisser sombrer dans l'erreur car "cela ne nous regarde pas", de ne pas aider ceux qui en ont besoin car "de toutes façons, qui m'aidera moi ?", de ne pas dire aux gens que l'on aime à quel poitn ils comptent pour nous car "seuls les faibles ont besoin d'amour". L'angoisse nous endort petit à petit devant notre poste de télévision, elle est un faux sentiment de liberté, elle n'est que silence.
Comme quoi la terreur a du bon, et qu'il est parfois bien agréable de se faire peur.

20 nov. 2003

"Ah si j'étais libre"
On en fait tout un plat de la liberté.
"la liberté des uns s'arrête où commence celle des autres".
Est-ce respecter la liberté des gens que de balancer de la publicité à qui mieux-mieux ? Est-ce respecter la liberté des gens que de gribouiller les publicités dans le métro ? Est-on libres dans les limites d'une réglementation ? Nous sentons-nous enchaînés ?

Notre liberté est totale, dans les limites du possible, mais provisoire. Personne ne t'empêche réellement de tuer ton voisin ou de faire une esclandre, ou de faire le con avec de la peinture dans le métro. Tu risques, seulement, de perdre ta liberté. D'être enfermé. Et là, dans l'idéal, on t'empêchera réellement d'être libre, c'est à dire, de tuer ton voisin, de te tuer toi-même, d'aller et venir, d'avoir des relations sexuelles et/ou affectives satisfaisantes.
C'est un risque à prendre ou à laisser, car tu peux aussi ne risquer qu'une amende. Rien ne t'empêche de garer ta voiture devant l'entrée de garage de ton voisin. Seulement tu risques de payer. Rien ne t'empêche de te fournir de la drogue, seulement il faudra en subir les conséquences. Rien ne t'empêche de te mutiler, de te faire du mal, de te tirer une balle dans le pied, et dans le même ordre d'idée, tu payeras. Rien ne t'empêche de te compliquer la vie au possible en te prenant la tête pour tout et pour rien et ne jamais être content de rien. Tu payes.

Est-ce être libre que se laisser faire par son inconscient, qui fait bien du mal avec ses névroses latentes ? Est-ce être libre ? N'est-on pas libre seulement lorsqu'on a mis tout ça à jour, lorsqu'on a enfin compris qui l'on était et ce qu'on pouvait faire de sa vie ? Mais alors, n'est-on pas une sorte de chose qui n'a presque plus de vie, presque plus de passion, parce que la passion, justement, ça fait mal, ça alienne. Tiens, rien que tomber amoureux, est-ce continuer à être libre ? Quelqu'un de libre, serait, libéré de toute contrainte interne ou externe, une sorte d'entité détachée de tout, un électron libre, quelque chose que rien ne touche. Alors ?
Est-ce que la liberté est seulement enviable ? Comment pouvons-nous être libre sans être détachés ? Peut-on penser que laisser libre cours à ses pulsions c'est être libre ? Est-ce que nous sommes définis par nos passions, notre pathos, nos problèmes, notre agressivité ? Ou plutôt par notre équilibre, notre envie d'aller mieux, d'aller plus loin, de faire aller plus loin, de faire aller mieux ? Mais si on commence à penser "positif", ce qu'on appelle notre liberté devient difficile à porter. Je suis libre de faire le bien, je suis libre, maintenant que j'ai fait ma psychothérapie, voilà, je me suis libéré de tous mes problèmes, de tous mes désirs. Maintenant je suis moi. Et normalement, je n'ai plus envie de violence de destruction. Peut-être, je suis un être placide. Tranquilisé. Libéré. Justifié, comme disait Jésus.

Cela nous ramène à ce que j'appelais tout à l'heure "les limites du possible". Il n'est pas possible à mon avis d'être tout à fait libre dans sa tête. Nous sommes faits de nos contradictions. Et même la meilleure mise à jour de l'inconscient, à mon avis, ne nous empêchera pas d'être des Hommes. D'avoir des envies. Des envies qui ne sont pas réalisables. Voler comme un oisieau, nager comme un poisson. Avoir un savoir encyclopédique. Tout comprendre de tout le monde. Plaire à tout le monde. Connaître tous les pays du monde, avoir un ami dans chaque port, ne jamais vieillir.

Avec toutes ses barrières, les unes existant d'elles-mêmes, les barrières physiques, les autres qu'on s'impose à soi-même, les barrières psychologiques, nous ne sommes pas libres. Nous ne pourrons jamais être libres.

Et cela relativise tellement les petites barrières juridiques, ces rustines qu'on a encore ajouté à notre manque de liberté pour pouvoir vivre ensemble... Je ne dois pas taper ma copine ni surtout la tuer à Vilnius. Mais je peux le faire. Alors que, par mon manque de liberté intrinsèque, je ne peux pas avoir réglé tous mes problèmes psychologiques ce qui m'empêcherait d'avoir envie de la taper, je ne peux pas devenir un surhomme et faire des choses extraordinaires, je suis cloué au sol, je m'ennuie, la vie est trop petite. Alors, seulement, je frappe. Et ma liberté de détruire c'est mon enfermement dans ma maladie. Faire suffisemment peur aux gens pour les empêcher de péter leur plomb ce n'est pas réduire leur liberté, c'est juste composer avec le malaise. La liberté peut venir d'une contrainte, les moines bénédictins ne me contrediront pas.

La liberté des uns s'arrête où commence leur problème... Cachez les problèmes, il reste ce qu'on pense être la liberté. Ce n'est pas la liberté, c'est la fuite. La liberté de rester enfermé, qui me fait un peu penser à la liberté qu'aurait laissé Dieu de ne pas avoir la foi. Presque la liberté d'être malheureux, la liberté de faire du mal.

3 nov. 2003

Et si j'avais demain un plein et entier contrôle sur ma vie, que ferais-je ? Si demain enfin j'étais libre, que se passerait-il ?
Peut-être qu'il ne se passerait rien de bien spécial, que la vie continuerait en suivant sa routine familière, à peine troublée par ses petits incidents grandement prévisibles. Ce serait là admettre l'hypothèse d'une vie calme et décidée, où nous vivons tous ensemble en se respectant tranquillement. Cela signifierait également que la liberté a un sens, mais n'a pas de réalité tangible.
Ou peut-être que je profiterai : je tenterai de tout changer à chaque seconde, mes proches accepteraient ces changements, les encourageraient, les aideraient ;Même si mes essais s'avèraient infructueux, j'aurais appris dans l'echec et je me serais approché de la réussite. On vivrait là dans un monde de rêve où la seule limite à notre vie serait notre imagination, où les esprits vagabonds voyageraient aux quatre coins du monde, où les esprits amoureux ne se quitteraient pas une seconde, et où même en ne faisant rien on se sentirait accompli.
Ou, dernière option, peut-être que je péterai littéralement mon plomb. Une fois libre, je n'aurai plus de limite, j'insulterai et frapperai tous ceux qui m'ennuient, je ne respecterai plus rien, Mes désirs non assouvis me rongeront de l'intérieur tandis que je lutterai pour être reconnu par la force. J'imagine là une société sauvage où les hommes vivent comme des étoiles filantes avant d'être ravagés et de s'effondrer dans la poussière.
Et je me dis alors qu'il est absolument certains que les hommes sont libres, car ils veulent vivre comme des étoiles filantes dans le monde de rêve, mais finalement se retrouvent à errer au sein du monde tranquille. Laissez la violence dans mon coeur, ignorez les rêves de mon esprit, vous ne me verrez que comme un être placide, et je ne peux pas m'imaginer que vous m'accepteriez autrement. Peu importe mes échecs, mes réussites et mes désirs : ils ne définissent pas ma personne. Je suis ce que vous voyez, et rien d'autre.
Et je suis tout à fait libre.

25 oct. 2003

Bon sang j'ai un soudain besoin de communiquer. Un vide là ce matin, flagrant.
Hier après une soirée mémorable dans une famille non moins mémorable où l'on dirait que les relations sont à la fois vides et à la fois pleines de quelque chose que je ne comprends pas, que je ne suis pas en mesure de comprendre. Presque il y a trois générations en deux, et j'ai tout mélangé, demandant si le beau-frère n'était pas l'oncle par hasard.
Hier après une soirée mémorable, donc, les p'tits gars du DEA rentrent chez moi dormir pour des raisons x ou y. Mémorable petite troupe aussi, une troupe de looser convaincus, un petit bonheur qui rigole. 3h30 du matin, fous-rire, et la proposition de commencer une belotte pour finir la nuit. Belotte en effet, ambiance de loques, belotte mémorable.

Et après tout ça, j'ai l'impression d'avoir eu une hallucination tout simplement. Toute la soirée d'hier, rien que des impressions diffuses dans mon cerveau fatigué. Ce matin il ne reste rien. Ils sont partis avant que je sois levée. Partis. Ils m'ont abandonnée. Impossible de supporter cette solitude après une telle soirée, une telle soirée ? Etait-elle réelle ? Que me reste-t-il ?
Ah, oui. Il reste que j'ai oublié mon sac là-bas. Avec dedans évidemment porte-feuille, carte bleue, téléphone. C'est la seule preuve tangible, avec le petit mot de remerciement de ce matin, que j'ai vraiment été quelque part hier. Preuve tangible et plutôt déplaisante.

Sur ces entrefaites je démarre donc ma vie virtuelle. Devant un écran, qui de plus en plus me donne envie de vomir. La démotivation dans les plis et dans les replis. Une offre de CDD en acoustique ? Se battre pour faire ça ? La possibilité de faire une thèse chez EDF à Clamart ? Mais que me veulent-ils dont tous les acousticiens tout à coup ? J'ai l'impression que je préfèrerais peut-être, encore, ne pas avoir de possibilités, pour ne pas avoir à choisir. Je ne veux plus rien choisir. Ce n'est pas nouveau cela dit.
La journée sera lourde m'est avis.

Ou alors non. Il fait beau et il suffit d'aller emprunter de nouvelles BD. Je veux tout balancer c'est aujourd'hui samedi.

Et l'idée du bonheur décroissant est tellement désespérante qu'elle s'auto-justifie.
Je plaide donc pour l'idée du bonheur croissant. L'amélioration de soi-même par accumulation d'expérience et de connaissance de soi. J'ai été malheureuse dans mon passé. Je peux t'assurer que je ne peux que plaider pour le bonheur croissant. Et puisque ce n'est pas réaliste, soyons sages, croyons aux cycles. Croyons que tout commence, tout existe et puis tout finit. Que les expériences croisées nous construisent petit à petit sans aucune linéarité, et que c'est à l'heure de notre mort que nous pouvons le mieux savoir ce que nous sommes, ce que nous avons été, ce que nous avons vécu. Le mieux tout oublier parce que jusqu'à la dernière seconde tout est à recommencer. Aujourd'hui est le premier jour de ma nouvelle vie. Et la vie commence n'en finit pas de commencer, de s'établir, de s'ennuyer, de se plaire, de se déplaire, de s'ennerver, de pleurer puis de se lasser et de cesser. La vie n'en finit jamais, c'est juste peut-être les gens qui préfèrent en finir avec la vie et qui abdiquent devant la télé.
Mais chacun peut continuer à souffrir et à sourire s'il en a la force et ce n'est pas le temps qui passe qui nous empêchera de vivre, qui nous empêchera d'être plus ou moins heureux. Juste les choses qui passent.
Et voilà ma plus grande impertinence dans cette théorie : l'hypothèse que l'on est forcément moins malheureux lorsqu'on se connait mieux. Hypothèse qui justifie que le temps aidant nous serons de plus en plus heureux. (du moins, peut-être, de moins en moins malheureux, de plus en plus devant la télé, mais ce n'est pas à espérer)

Ach tout ce flot de paroles non contrôlées qui tente maladroitement d'élaborer une théorie sans fondement, je trouve cela d'un pathétique. C'est mon envie de communiquer, c'est ainsi quelque fois les doigts ne sont pas gourds et ils courent sur le clavier je ne peux plus les arrêter. Je n'ai plus jamais envie que ça s'arrête un peu comme quand ça se passe bien dans un lit d'amoureux. Il n'y a plus rien à penser juste : encore un peu, pourvu que ça s'arrête jamais, parce que là on est bien, on pense à rien, on est juste bien. Le bonheur.

Sauf que pour écrire il faut penser, malheureuse ! Et que je m'enfonce, je m'enfonce, je ne sais plus quoi dire pour me relever d'un tel pathétique. Mais c'est le jeu. Post & Publish, et il faudra passer à autre chose. Un autre vide.

22 oct. 2003

Je cherche souvent l'ordre de mes soucis. Comme tous les événements, ils ont forcément une temporalité et une causalité, mais je m'étonne de souvent être incapable de décrire clairement la façon dont mes problèmes surviennent. La plupart du temps ils semblent avoir toujours été là, ce qui n'a pas de sens. D'autres fois, ils s'auto-entretiennent à la façon d'un cercle vicieux : j'ai des soucis, car j'ai des soucis, le serpent se mord la queue, ça ne tient pas debout.
Alors j'ai fini par entrevoir l'élément manquant de mon raisonnement : il n'y a là ni science fiction ni folie, mais mes soucis proviennent du futur !! Et oui, Igor, je fais partie de ceux qui réussissent à être malheureux par anticipation ! Tout à fait, Grishka, si je fais le bilan de ma vie, ce qui m'arrive hélas souvent, je me rends compte que je n'ai pas été si malheureux que cela dans le passé. Certes, tout n'a pas été pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais au final je m'en sors plutôt pas trop mal. Mon présent également tient la route. Alors pourquoi ce sentiment de vide ? Pourquoi ce manque de confiance ? Car c'est mon avenir qui est creux, c'est le moi de 2010 qui souffre, le moi de 2020 qui pleure, le moi de 2030 qui veut en finir avec uen vie absurde qui dure depuis trop longtemps. J'essaie toujours d'imaginer l'image que le moi de trente ans aura du moi de 25 ans, ce qui est absurde car aujourd'hui je n'en ai rien à faire du moi de 20 ans, je l'ai totalement oublié celui-là.
Pourtant il n'était pas si malheureux que ça.
Je m'imagine depuis tout petit que le bonheur ne peut aller que décroissant, à ma naissance j'étais le plus heureux du monde, à ma mort le plus malheureux. Comment puis-je avoir confiance en moi dans ces conditions ? Quand je pense qu'au moment où j'ai commencé à écrire ce paragraphe j'étais plus heureux que maintenant, ça me déprime.

13 oct. 2003

Mes yeux se ferment, lourds.
Mes doigts gourds s'imaginent pouvoir encore se mouvoir.
Et dans ma tête torturée encore de la poésie.

Je ne crois pas que ce soit si difficile. Je ne crois pas qu'on ait tant besoin d'avoir confiance en soi. Il n'y a pas de compétition. Personne n'est plus ou moins digne d'être aimé. Je crois que le mieux est de faire ce qu'on sait faire avec le plus de conviction possible. Le mieux est de trouver toutes les occasions dans toutes les journées qui passent pour dire : "c'est bien, c'est beau". Trouver toutes ces occasions pour ne pas se laisser bouffer par les "c'est nul, c'est moche". Et il ya tant de choses suffisamment belles que cela pourrait nous occuper toute la journée : "oh, que c'est beau !" "comme vivre est facile et merveilleux". Parce que nous avons encore l'usage de nos yeux, de nos mains, de nos 5 sens et même plus quelquefois. Parce qu'il y a du vent dans les cailloux. Avoir quelque chose à partager peut faire trouver l'amour. Avoir le regard émerveillé. Se réveiller comme un petit enfant un matin et trouver que tout est facile. Tout aussi facile que de tendre la main, de prendre une main. Facile comme un sourire. Simple. Dans le présent. Présent.

Je suis absente. Dans l'absence tout est facile également. Rien n'a d'importance. Trainer ça et là avec celui-ci ou celui-là, ne rien faire, tout est équivalent. Un grand moment d'insouciance. Le moment de toutes les bêtises, le moment de rire bêtement. Qui se brise. Qui se cogne. Contre la réalité. Contre le marché du travail. Contre les critères d'embauche. Les critères de vie. Les cercles vicieux. Contre les responsabilités qu'on ne veut pas prendre et l'avenir qui arrive. L'avenir. L'avenir me bouffe le présent. Mon présent mange l'avenir sans le préparer. Tout cru. Mon absence est indigeste lorsque je m'en rends compte.

J'ai rêvé cette nuit que l'on me torturait. J'avais beau crier au secours les gens me regardaient, moi et mon bourreau, indifférents. Me faisant payer le mépris que j'affichais précédemment à leur égard. Puis j'ai rêvé que l'on me poursuivait pour me faire du mal. Après m'être extasiée devant un bébé enfermé dans une boule à neige. Quelque chose de vivant mais pas assez. Une décoration de noël. Depuis dimanche j'ai mal partout. On me dit qu'il faut que je décompresse. Qu'il est urgent de ne rien faire. Ne rien faire que serveuse au MacDo. Et je me reproche tout. Pour ne pas craquer je fuis dans la pseudo-créativité. L'apprentissage. Mais qui suis-je ? Cette fuite me définit, il me faudrait l'apprivoiser. Comme il faudrait s'approprier tous ces mots un à un sortis de moi dans le désordre.

Moi dans le désordre.

27 sept. 2003

Ceci me rappelle, hélas, les meilleurs jours du fameux cercle vicieux que nous connaissons si bien. En voici quelques exemples classiques : on cherche à plaire et à se faire aimer, mais plus le temps passe, moins nous sommes beaux, et moins nous séduisons de gens, moins les autres s'intéressent à nous, car qui s'attarderait sur quelqu'un qui ne plaît pas aux gens de manière géénrale ? moins on plaît, moins on plaît.
Souvent on me fait la même reflexion : "si tu avais plus confiance en toi, tout irait mieux." Mgrrrmffff. Celle là m'énerve tout particulièrement. Plus on connaît d'échecs, plus on vit seul, et moins on a de confiance en soi, c'est complètement évident. Et moins on a confiance en soi, moins on a de chance de trouver l'amour... plus on est seul, plus on est seul.
Comment briser ce cercle ? Comment passer d'une existence médiocre à une vie épanouie ? Je dirai que non seulement je n'en sais rien, mais je soupçonne également la plupart des gens de ne pas en avoir la moindre idée non plus. Je crois que les vrais "dragueurs" sont ceux qui savent mentir et faire croire qu'ils ont confiance en eux et qu'ils ne sont pas seuls. Ce n'est pas si difficile de faire croire qu'on assure, de mentir en prétendant avoir passé la soirée chez des amis la veille, etc.
Mais ne dit-on pas que les seuls gens dignes d'être aimés sont ceux qui sont honnêtes et francs ?
La vie à plusieurs, c'est tout de même compliqué.
Et si finalement nous étions tous les mêmes, les beaux, les laids, les seuls, les "en couple" ? tous finalement sans la moindre confiance en nous mêmes ? tous à regretter notre vie médiocre ? Cela expliquerait peut-être que personne n'ait jamais eu le désir ni le talent de venir nous porter secours dans notre solitude.

15 sept. 2003

besoin de quoi pour savoir qui on est vraiment ?
Besoin de savoir qui on est vraiment ?
On est pas quelqu'un en propre, je ne crois pas. On est comme on est vu par le monde, on est plus ou moins, on fluctue.
Si on a la chance d'avoir quelqu'un qui nous aime, on est beaucoup mieux.
Si on a la chance d'avoir quelqu'un a aimer, on est beaucoup plus intense.

Je suis un magma qui pourrait avoir des choses à être. pour l'instant je ne suis rien. Je communique laborieusement, j'ai des tentacules qui touchent plus ou moins les gens, j'ai envie d'être reliée, et pourtant. Au final on est toujours seul. Et lorsqu'on est seul à ce point, lorsqu'on a l'impression d'être seul à ce point, on est inévitablement médiocre. A quoi sert le magma tout près à donner tout ce qu'il a, tout prêt à créer, à aimer, à se passionner, à chanter, lorsqu'il n'y a personne pour l'écouter ? Non, je ne suis pas prête à faire tout ça. Je ne suis pas prête à trouver les gens pour m'écouter, je n'en ai pas encore envie, j'ai encore envie de ne pas être.

Je ne suis rien, et je m'occupe insidieusement de rien.
Je passe mon temps, et je flanouille en faisant rien.
Je disais "il y a tant à faire" je disais "je n'aurai pas le temps", et je ne fais rien.
Rien qu'essayer de me reconstruire, encore, ou alors essayerai-je d'abord de me détruire ? Envie de faire place nette, de nettoyer tout ce qui faisait que j'étais moi et qui ne me plait plus. Je ne sais plus ce qui me plait. Je ne sais plus, dans la somme des possibles pour vivre, ce qui me déplaît le moins. Je ne sais plus, je n'ai jamais su, je suis perdue.

Je disais aussi "aimer, c'est appartenir". Voilà plus d'un an que je n'appartiens plus à rien, que je divague et que je flotte malencontreusement à la surface sans rien pouvoir choisir, sans rien aimer, sans rien ressentir presque. Je disais "je vais réapprendre à écouter mon coeur" et mon coeur est resté muet.

Lorsque j'ai besoin d'aide, on me répond parfois : "il faut que tu fasses un effort, il suffit de prendre les choses du bon côté. Ca sert à rien de dire que tu es malheureuse.", alors je me dis "voilà un problème de plus que j'ai : je vais mal pour forcer les gens à s'occuper de moi. Et ça marche même pas". Seule puissance 10.

23 juil. 2003

Il n'y a pas si longtemps, une fille à laquelle je voue une certaine admiration m'exprimait la plus grande peur de sa vie : la crainte d'avoir une existence médiocre.
Si dans un premier temps j'ai acquiescé énergiquement, imitant avec talent l'homme qui a tout compris à ce qu'on vient de lui dire et qui approuve de tout son être, j'ai réfléchi après coup et je me suis demandé : mais qu'a-t-elle bien voulu entendre par là ?
Qu'est-ce qu'une vie médiocre ? A partir de quels critères peut-on en décider ? et surtout, qui et quand peut-on qualifier une vie de médiocre ?
Un individu devrait être le seul à être capable d'en décider, et pourtant il y a là tant d'irrationalité et de subjectivité... seul une autre personne très proche pourrait en décider. C'est là ce que je pense.
Et qui, dans une vie, est une personne à la fois suffisamment proche pour tout savoir de vous, mais en même temps a suffisamment de recul pour vous juger objectivement, c'est à dire vous connaît bien mais pas depuis très longtemps ?
L'être qui vous aime, je ne vois que lui.
Il est le seul à savoir qui vous êtes au plus profond de vous même, à pouvoir lire dans vos yeux, dans votre sourire, dans chaque geste anodin de votre vie. Et pourtant il vient de l'extérieur, il ne vous a pas toujours connu, il s'est construit petit à petit une image de vous en apprenant patiemment à vous connaître. Vous avez besoin de lui pour savoir qui vous êtes vraiment.
Et, dans le fond, si vous avez quelqu'un qui vous aime, votre vie n'est pas si médiocre que cela, à mon humble avis.
Mais ce n'est que mon avis.
Et à mon avis la fille en question n'a pas une vie médiocre.

22 juil. 2003

Against. Je suis complètement.

La spirale du pire.
L'esthétique de la pendaison.

C'est là que j'en suis, on dirait. On croirait que les mots rétissionnent. Dans ma tête le brouillard.

Ce qui se vend : des centaines de bouquins sur "comment j'ai réussi" "comment réussir sa vie" "réussir sa vie professionnelle / sexuelle / amoureuse / sociale / médiatique / spirituelle" "la spirale du bonheur" "j'en passe et des meilleures"
Ce qui s'entend : des histoires de succès. Des gens qui ont réussi. Réussi à sortir du rang, et ils le désiraient, depuis tout petit.
des emmerdeurs, des rêveurs, n'importe qui avec tout à vendre.

Donc je ne suis pas d'accord. La principale drogue de l'humanité c'est le besoin de reconnaissance. L'envie d'attention pour soi, l'envie que les autres fassent attention, qu'ils reconnaissent notre valeur. Et si pour ça il faut s'exposer un peu, ce n'est pas le pire. Pour la plupart, le pire est de resté prostré dans un coin avec tout le monde sans rien qui puisse justifier sa vie. On peut le vivre bien pourtant. Savoir si vouloir rester anonyme est de la résignation ou un désir. Il n'y a aucun problème à se lever dans la foule pour dire comment on a réussi. Il est déjà plus difficile d'affirmer, de raconter, d'exposer comment on ne sait pas, on est perdu, on n'a jamais rien fait de bien, on a tout perdu, elle est là, la honte. A s'étriper soi-même en public. On montre ses tripes encore plus dans l'échec que dans le succès. il n'y a plus l'écran de l'admiration dans les yeux des autres. Plus l'écran de la reconnaissance. Peut-être la pitié, et la pitié fait pitié, on n'en veut pas. On veut faire envie.

On aime les gens qui nous aime. Ils nous aiment autant pour nos réussites que pour nos défaites, on ne leur en veut pas. Parce qu'eux aussi nous montrent leurs faiblesses. On aime montrer ce que l'on est lorsqu'on se sent en confiance. Et il y a tellement plus de peur que d'amour dans ce monde.

7 juil. 2003

Une foule, énorme, comme toute les foules, bruyante, mais qui ne dit rien, multiple, mais composée d'un seul et même genre d'individu. Ils vivent, respirent, mangent, regardent, écoutent, aiment, inlassablement. Et jamais ils ne se lèvent, ils sont tous assis.
Avez-vous remarqué que si on demande à quelqu'un pour quelle raison il ne fait pas quelque chose, il a toujours une raison valable à donner ? Mais demandez lui à présent la raison pour laquelle il a fait quelque chose, et là il n'a plus rien de convaincant. On sait refuser, mais on se sait pas accepter.
J'attends que dans la foule, quelqu'un se lève, n'importe qui, n'importe comment, mais personne ne bouge. Pourquoi ? Pourquoi toute cette honte ? Pourquoi toute cette lâcheté ? Qui viendra se dresser au milieu de tous pour faire cesses ces babillages et attirer tous les regards sur soi ?
Qu'il est difficile de justifier nos échecs, me dit-on parfois, mais qui a déjà justifié sa réussite ? Qui peut affirmer sans être ridicule qu'il a réussi pour une bonne raison ? On sait pourquoi on échoue, mais on ne cherche jamais à savoir pourquoi parfois on réussit.
Qu'il en faut, du courage, pour se lever lentement au milieu de la foute, sous le regard de tous, et d'entendre les bavardages cesser, de sentir le contact glacial des regards glisser le long de ton visage; tu aurais bien voulu que ce visage reste anonyme pour toute ta vie, que personne ne puisse railler ta voix, tes traits, ton attitude, ta démarche, et plus encore, tes paroles, qui vont, comme de bien entendu, dépasser ta pensée :
"Je ne sais pas" vas-tu crier au sein de la foule.
Comme elle est délicieuse, cette affirmation, elle coule comme du miel dans ta gorge, elle réchauffe le coeur, elle est si belle car elle, au moins, est vraie.
Et pourtant, une fois de plus, nul de s'est levé. Il n'y a personne pour cesser de bavarder et juste dire : "je ne sais pas". Je demandais seulement cette honnêteté, ce simple constat de bon sens, mais il n'y a rien à faire.
Il y a tellement plus de peur que d'amour dans ce monde.

4 juil. 2003

Qu'est-ce qu'il y a cette semaine de si triste dans ma tête ?
Est-ce parce que simplement il existe encore des gens aujourd'hui qui trouvent d'autres gens avec qui partager, d'autres gens de qui s'émerveiller et tomber amoureux. Cristalliser, comme on dit. Recommencer à zéro. Avoir le courage de tout donner à nouveau, tout recevoir même le pire.

Pourquoi cette tristesse immense cette semaine de sentiment de vide et d'impression de passer à côté ?
C'est pas compliqué. Mon ex est en train de tomber amoureux.
Ca me rappelle que le temps passe. Que dans la course au bonheur, il est en avance. Qu'il va falloir que je retourne moi-aussi dans le temps qui passe. Ce satané temps qui passe, qui nous fait déjà mourir. Et si je n'ai pas totalement perdu mon temps, je n'ai rien gagné non plus. Le point mort. Rien qui restera. Rien qui mérite qu'on s'y attache.

C'est ce que je voulais, mais aujourd'hui que c'est la fin du chômage, que cet ex-petit ami recommence sérieusement de son côté, il me faut remettre en question cette façon de vivre, et je sais que ça me fait du mal, voilà déjà un poids sur ma poitrine. Je n'ai pas envie d'avoir des choses à prouver, pas envie de me confronter à un étranger qu'il me faudrait aimer. Pas envie d'avoir à me faire aimer, et. Pas non plus envie de rencontrer un boulot.

Laissez-moi doucement rêver que je peux rester toute ma vie dans une situation intermédiaire. Je ne fais pas ce que je veux, mais c'est normal, je suis hors du temps, rien ne m'atteinds. Depuis quelques jours, les choses recommencent à me toucher, ma vie recommence à m'interpeler, et ce que je trouve ne me réjouit pas. Je retrouve enfin les larmes, moi qui me croyait vaincue par l'apathie. Je retrouve ces crises insupportables desquelles on ne sait jamais si on va vraiment se sortir. Les nuits interminables et les matins pourris...
Ceux-là je les attends encore. Est-ce que j'ai seulement appris quelque chose qui me permettrait de m'en sortir un peu mieux cette fois-ci ? Est-ce que je vais enfin savoir me débrouiller avec cette chienne de conscience, cette saloperie d'exigence dans ma tête, cette ambition de merde avec laquelle je n'arrive pas m'arranger ? J'ai encore besoin de repos. Je n'ai pas encore envie de me remettre totalement à vivre.

Mais de voir ce que je perds en voulant me reposer, je me rends compte que c'est de la lacheté, et j'ai honte.

3 juil. 2003

J’ai cherché un travail pour reprendre ma place dans la société, mais en vain. Je ne pense pourtant pas être moins capable que les autres, j’ai de nombreuses aptitudes, je ne suis pas un fainéant, je ne pense pas qu’on puisse être plus consciencieux et courageux que moi. Mais les quelques directeurs de ressources humaines qui m’accordèrent un entretien ne firent que me juger, m’expliquer en détail pourquoi un profil comme le mien ne pourrait leur convenir, et quelles difficultés ils avaient pour dénicher un employé modèle. Je croyais être cet employé modèle, mais je n’avais pas de réelle preuve à fournir.
J’ai cherché une fille pour m’aimer pour la vie, mais en vain. Je ne pense pourtant pas être inférieur aux autres, je ne suis pas si laid, je ne suis pas malade ou fou, je ne crois pas qu’on puisse être plus gentil ou attentif que moi. Mais les quelques filles qui m’accordèrent quelques instants ne firent que me juger, m’expliquer en détail pourquoi un individu tel que moi ne pourrait leur convenir, et quelles difficultés elles avaient pour dénicher un homme bien. Je croyais être cet homme bien, mais je n’avais pas de réelle preuve à fournir.
Je pourrais croire que DRHs et jeunes filles sont trop difficiiles et vont finir leurs vies aussi seuls que je le suis; et pourtant non, les uns et les autres finissent par trouver celui qui leur convient. Il doit donc y avoir une faille de taille dans mon raisonnement, mais je ne la vois pas encore. Peut-être cela viendra-t-il avec le temps ?

2 juil. 2003

Je saute du coq à l'âne ? Oui.
Je triche ? Tout autant.

"Sa fille s'appelle Agathe et elle lui manque
Elle doit avoir un appareil photo numérique.
Elle possède un cadre photo d'un goût douteux.
J'ai un peu mal au cul.

Son siège de présidente est tout élimé aux coudes.
Elle est de mauvaise humeur. Son portable lui sert à regarder ses mails.
Elle a des pochettes de toutes les couleurs. C'est très organisé sur son bureau.
Elle me regarde méchamment, au alors comme si je n'existais pas.
J'ai l'impression de ne pas exister, c'est toujours mieux que de penser qu'elle a des raisons d'être méchante.

Derrière elle on voit le haut de la rue, quelques feuilles, un morceau d'oiseau qui passe.
Je l'entends parler dans le couloir.
Je pense que j'aurais dû photocopier mon CV.
Je pense qu'il ne faut pas que j'oublie ma veste en sortant.
Je pense que j'existe."

Et ce manager d'une grande société de consulting s'est à peine penchée sur moi, m'a à peine offert son regard. A trouvé qu'à peine j'existais, et que je n'étais pas de bonne qualité. Que dans la quantité, elle trouverait mieux.

29 juin 2003

Peut-on se demander si notre vie est creuse, alors que nous ne sommes pas creux ?
Pourquoi ressent-on un tel sentiment de vide alors que tout dans la nature, depuis notre corps jusqu'aux galaxies, est plein !
Comment peut-on se sentir aussi irrémédiablement seul alors que chaque jour on craque dans les queues et les bouchons ?
Nous sommes trop, et nous ne sommes pas assez. Nous sommes vides, et nous débordons.
Peut-être est-ce car la matière dont nous voulons nous emplir, c'est l'amour. Peut-être que les gens que nous voulons voir autour de nous, ce sont les gens qui nous aiment (pour ceux qui en ont).
Ce qui est rare a de la valeur, ce qui est rare est beau, nous préférons un paquet de la lessive que nous aimons à mille paquets de lessive X ; nous demandons l'être que nous aimons à nos côtés, un milliards de chinois n'y suffiraient pas. Nous ne voulons pas la quantité, nous exigeons la quelité dans notre vie !
Un économiste verrait tout de suite où est l'erreur, il nous hurlerait au visage que sans la quantité on ne peut pas dénicher la qualité.
Cependant, je ne suis pas un économiste, et encore moins un rationnel. Je suis plein de quelque chose, mais je n'ai pas la moindre idée de ce dont il s'agit. J'attends que quelqu'un vienne se pencher sur moi, ait un regard pour moi, goûte à moi, et me donne son avis. Suis-je de bonne qualité ?

26 juin 2003

Est-ce que ma vie est creuse ?
Est-ce que tout existe au dessus, en dessous, à côté, sauf moi ?
Est-ce ce que je fais ne fais qu'ajouter des secondes aux secondes, du vide au vide ?
Est-ce que la somme de mes respirations m'inspire ?
Une ombre passe, un passant, une ombre dépasse, dépassée. (ok, celle-là je l'avais déjà faite)
Est-ce que le creux a envie de taper dans le tas ?
Est-ce que ce creux ne créé pas un manque ?
Est-ce que cette vie est inutile ?
Est-ce que toutes ces minutes d'ennui valent ces quelques secondes... De plaisir... De musique... D'impertinence...

Cette tension aujourd'hui dans mon être je suis vivante !
Je recommence à souffrir et savoir que j'existe !
Savoir que je ne suis pas à ma place, c'est déjà savoir que je crois avoir une place.
Quelque part où devenir une aspérité. Quelque part où l'on se cognerait à moi, où l'on me remarquerait. On aurait sûrement envie de m'arracher. Me faire revenir à l'état de creux.

creux, creuset, crayon, crayonné, crier, cri, croc, craquer, craquement.
Je m'arrache un cri, et je craque.

14 juin 2003

Sans vouloir non plus tout ramener à moi (mais en aimant le faire tout de même) je me suis rendu compte que je n'avais jamais eu d'agenda de ma vie. Je n'ai pas pris l'habitude de noter mes rendez-vous et , par chance ou par génie, jamais je n'en ai manqué un seul. Bien sûr, il me reste les incontournables coordonnées de mes innombrables amis, mais curieusement, là encore, un carré de papier de cinq centimètres de côté glissé dans mon portefeuille m'a suffi.
Alors j'en viens à me poser la question : est-ce que ma vie est creuse ? Est-ce qu'il ne se passe jamais rien dans mes journées ?
Ou est-ce que je suis si intelligent que je peux me passer d'agenda ? Ai-je une mémoire parfaite ?
Comme d'habitude lorsqu'on pose une question de ce genre, la réponse est entre les deux. Je ne suis pas un abruti total, et ma vie n'est pas trépidante.
Mon seul souci vient du fait qu'il n'en restera aucune trace. Car enfin c'est aussi à cela que peuvent servir les brouillons brouilonnés et les post-it post-ités : à conserver un écho des événements. Il reste toujours un morceau de papier pour prouver que cela s'est réellement produit, le ticket de cinéma, par exemple, vient nous rappeler qu'on était bien présent à cette séance... et puis on jette le ticket.
Et on se souvient encore du film.
Comme quoi on n'a pas besoin de papier, ni pour se souvenir, ni pour apprendre, et même pas pour oublier. La chair seule suffit amplement. La chair est marquée, imprimée en profondeur, on lit sur notre visage, on devine à nos cicatrices, et on peut lire dans mon coeur à livre ouvert.

11 juin 2003

des agendas gribouillés,
des cahiers, des papiers,
des bloc-notes, des post-it,
des aide-mémoire et des brouillons brouillonnés.

Et pourtant la vie ne reste pas, on essaie de la retenir.
Retrouver l'émotion. Au mieux on retrouve les mots, pas les mêmes, on retrouve les images, pas les mêmes, les visages, figés, défigurés.

On dirait qu'on écrit seulement pour se souvenir, on dirait qu'on se retourne sur nous-même à peine juste assez pour savoir quoi écrire, on dirait que lire nous fait nous retourner tellement loin, tellement dépassé, qu'on ne se comprend plus.

Et l'on apprend jamais rien. On ne fait que continuer à vivre , à faire face ou à s'enfuir. Le flot des choses connues passe parfois à la surface de la mémoire, puis on l'enfuit ; loin sous les décombres.

Moi j'oublie tout. Je note ce qui reste. Et ce qui est noté peut s'oublier. Je n'ai pas envie de me souvenir, de m'alourdir, il faut penser à la suite, il faut penser à tout de suite, et avec de trop gros bagages on ne va pas très loin, on ne va pas très bien. Au mieux mon corps se souvient doucement, tout doucement... Le temps qui passe l'altère. De rides et de carapaces. Et si l'on se souvient trop il n'y a plus d'interstices. Je suis pour l'amnesie. Je suis pour l'amnestie.

9 juin 2003

Quelque part, c'est peut-être à cela que sert le cinéma : à oublier.
Lorsque les livres sont apparus, et plus encore lorsque l'imprimerie les a démocratisés, nombreux furent ceux qui les critiquèrent car ils tuaient la mémoire. Il n'y avait plus besoin de se souvenir puisque tout était écrit dans un livre, c'était presque trop facile. Hélas on ne pouvait encore que stocker la connaissance, la culture scientifique, rien que des faits, pas d'émotions.
Puis vint le cinéma. Pourquoi fait-on un film ou une photo ? Pourquoi ruine-t-on des kilomètres de bobine sur le bébé qui rampe dans le salon ? sur le monument visité mille fois et filmé dix mille fois ? pour raviver les émotions, pour aider le coeur à se souvenir.
Là où le papier permettait de prendre des notes et aidait à se souvenir, la photo vient nous aider à ressentir. Et qu'en est-il du livre écrit par autrui ? cet ouvrage qui ne nous permet pas de nous souvenir, mais d'apprendre ? C'est partager un souvenir, en quelque sorte, c'est êtrer passif et absorber la connaissance de l'autre. Le film a le même rôle : une autre personne vient nous raconter ce qu'il a ressenti, et nous allons l'apprendre dans une salle obscure. L'auteur se souvient pour nous, notre coeur n'a plus qu'à s'installer confortablement dans le siège et à observer durant une heure et demie.
Il n'a rien d'étonnant à ce qu'on ne puisse se souvenir de ces émotions là : d'autres l'ont fait pour nous, nous n'avons pu qu'apprendre de quoi il s'agissait. Ce n'est pas un souvenir, c'est une connaissance. On connait, mais on ne sait pas. C'est mieux que rien. Et en plus, tout comme apprendre avec un livre, ça peut se révéler bien amusant.

4 juin 2003

Retour de Cannes :

Je me retourne et je me rends compte que je n'ai aucun souvenir. Des rires, des larmes, des histoires. De l'amour, du temps, de l'argent. Beaucoup de mots qui trottent, beaucoup de traductions, beaucoup de gens. Enormément de gens et de voyages. Et des images évidemment, comment oublier ?

Je me retourne.
Et je m'aperçois que je ne me souviens de rien.

Je suis partie nager jusqu'à la bouée. On ne la voit pas comme elle est depuis le rivage. Petite. Nager jusqu'à la bouée n'a rien de difficile. Je vois les vagues arriver, elles me bercent doucement, je vois la bouée grossir en s'approchant. Mais à l'arrivée ! Impossible de s'accrocher à cette bouée, énorme, qui tangue, effrayante, énorme. la chaîne qui s'enfonce dans la mer pour la retenir est sinistre, sale, je l'imagine gluante, vivante, nauséuse. Impossible de s'accrocher à cette bouée, et la regarder me donne le mal de mer.
Coup d'oeil vers le grand large coup d'oeil vers la plage. Je suis inquiète pour mon père qui m'attend sur le rivage. Il ne sait pas où je suis, ne me voit plus, pourrait s'inquiéter. Redoutant son effroi devant cette possiblité cinématographique de perdre sa fille dans la mer de Cannes, je reviens. Au plus vite. Jamais il ne me demandera jusqu'où j'avais nagé ni n'évoquera le fait qu'il s'était, peut-être, demandé où j'étais. Les tas de sable sont immenses. Aussi devant mes yeux, devant les siens. Je ne veux jamais devenir papa.

Je me retourne, encore, je m'aperçois que je me souviens au moins de cela. Et des hommes qui se débataient sur l'écran. Et ceux qui le crevaient. Cette montée des marches, ce départ en voyage, ces hotesses et ces annonces internationales... Nous voyagions dans ces salles sombres. Et nous avons connu tous les continents, les pluies, les canicules, et le ciel gris de paris. Dans les piscines, dans les usines, dans les résidences. Et dans l'absence de lieu aussi. Dans la magie.
Et dans les files d'attente.

Dans les files d'attente, et sous les téléphones, encore ailleurs.
Quelle heure peut-il bien être à l'extérieur ?
Il fait encore jour, il fait encore beau, c'est dimanche tous les jours, c'est tous les jours dimanches, tous les jours de 3 à 5 vies, et jusqu'à 3 heures pour nous convaincre.

Mais c'est vaincue que j'en reviens.
Je me retourne.
Je ne me souviens plus.

13 mai 2003

Lancé dans mon élan d'humilité et d'excuses contrites, je dois ajouter une nouvelle pierre au mur des lamentations : si je ne suis pas en mesure de comprendre les gens qui ont la foi, je ne comprends pas plus les gens amoureux.
Décidément, je ne comprends pas grand chose.
Pourtant, Dieu (qui n'existe pas) m'est témoin que j'ai redoublé d'efforts pour parvenir à comprendre les gens amoureux. J'ai voulu moi même aimer à plusieurs reprises, mais étant le seul à éprouver des sentiments, en étant réduit à aimer dans le vide, je me suis vite rendu compte qu'il n'y avait là aucune noble flamme, mais simplement une fixation néfaste et démoralisante.
Et si cet amour de collocataire, même s'il était voué à un échec certain, trouvait sa justification dans les quelques jours de bonheur qu'il apporte ? Lorsque deux jeunes gens sont seuls, et même si l'amour de l'un n'est pas partagé par l'autre, n'ont-ils pas raison de se réunir au moins quelques jours ? Ils ne seront pas ensemble pour le meilleur, mais simplement pour le bon.
Certains restent solitaires néanmoins, et à les voir ainsi se morfondre dans leurs tristes chambres, sans jamais avoir su rien qu'une fois se comprendre, à voir tout ce gâchis, je me sens abattu et les larmes me viennent aux yeux : combien de fois ai-je été l'un d'entre eux ?
Apprendre.
Attendre.
Le yabon.
Ya pas bon.

Moi non plus je comprends pas.
Rien.
La foi, pourtant je l'ai eue.
C'est peut-être encore plus terrible de l'avoir perdue.

Explosion de joie dans la pièce d'à côté : une coloc' implose littéralement de bonheur, car un mec vient de l'appeler. Pas n'importe quel mec, évidemment, mais celui qui la rend malheureuse, qui continuera à le faire, qui l'a prévenue, qu'elle n'y trouverait pas son compte.
Mais il a appelé.
Mais son numéro s'est inscrit sur son portable.
Elle n'y croyait pas.
Et puis : "c'est lui". Rien d'autre ne compte. Tout le reste ne compte pas.
Oui c'est une histoire impossible.
Mais elle y court, elle y vole, dans ses bras, elle y est déjà d'ailleurs, c'est ce qui la fait tant sourire.

Spectatrice de tant d'énergie dépensée, des larmes et puis des sourires, des regrets et puis des décisions qu'on ne peut pas prendre, des injures, des tendresses, enfin, la passion. Spectatrice, je ne comprends pas. Ou alors j'y met mes propres souffrances, je la plains. Je la plains d'être si contente d'aller le retrouver. Je la plains pour tous les jours prochains, je la plains pour ce manque qu'elle s'est créé, qu'elle cultive, je la plains pour cette illusion de communication qu'elle a avec lui, je la plains pour son illusion de bonheur. Serai-je au moins capable d'un peu de jalousie ? Même de ça j'en doute. Qu'est-ce qu'il me reste à croire à travers tant de cynisme de ma part ?

N'importe.
Le ciel est beau.
Le reste de soleil aussi.
Ma foi, ma solitude s'en portent d'autant mieux.

29 avr. 2003

Ce que ma chère collègue a écrit dans ce dernier passage (Pas facile de s'adresser à elle... que dire ? Tu ? Elle ? Bon, avec un peu de chance elle se reconnaîtra...) m'a fait comprendre quelque chose : La foi peut téellement apporter un sens à la vie. Pas seulement une poignée de réponses à quelques questions métaphysiques mesquines comme la vie après la mort ou l'origine de cette planète, non, un sens à chaque seconde, à chaque pensée, à chaque geste. Le genre de sens que nous autres recherchons en appelant cela l'"épanouissement" ou encore "réussir sa vie". Et s'il suffisait de croire ?
Je n'ai jamais eu la foi, pas la moindre micro-seconde, pour quoi que ce soit, alors de là vient sans doute mon incompréhension. Quelque part je les envie, ils ont trouvé de quoi remplir leur existence, je suis vraiment mal placé pour les juger comme je l'ai fait, car malgré tous mes mots je n'ai rien trouvé de valable.
Cela doit être à la fois du courage et de la folie.
Comprendre, non, mais ressentir.
On a beau ne rien comprendre, sans rien saisir, on peut être saisi. D'horreur, d'effroi, d'inconscient mirage.
Il y a des peurs universelles qui nous tiennent au ventre, la peur de la mutilation, la peur de l'enfermement, du noir, de la manipulation.

Ou alors non.

Peut-être dans d'autres cultures on s'enfonce à corps perdu dans le rejet de soi pour soi, dans une vision plus globale, que nous avons perdu de ce côté de la Méditerranée. Une vision plus haute et plus noble peut-être. Qui glorifie la souffrance. Qui permet de tuer, de se tuer pour l'honneur de sa famille.
Dans ces cultures-là ce n'est pas la manipulation qui fait peur, ce n'est pas la perte de soi-même qui fait peur, mais la perte de ce sentiment d'appartenance à Dieu, la perte de ce sentiment d'éternité qui règne autour des mosquées.

Tellement peureux ou honteux d'eux-même, leurs envies, leurs passions, ils se refugient dans le magma violent d'un monde intégriste où la vie sur Terre n'est qu'un pélerinage.
Ce n'est pas un choix, c'est une culture.
Nous appelons ça du courage ou de la folie.

Nous ne comprenons rien.

22 avr. 2003

Il est clair que le fossé entre "soi" et "le monde extérieur" est un goufre qui n'est pas seulement philosophique, mais aussi sensitif. On sent réellement ce vide, il y a quelque chose de tangible, de concret. Je ne connais pas les Irakiens parce que je ne les ai pas touché, ni senti. Et pourtant, on me les montre à la télé, et tout à coup je les vois, ils ne sont plus totalement inconnus. Je pourrai douter de ces images mais en même temps il ne me resterait alors absolument plus rien d'eux, comme si au moment où l'on perd la dernière photo d'un membre de la famille, ce dernier est tout à fait mort.
Je ne peux plus entièrement ignorer car j'ai vu...
Ma personnalité peut s'enfermer autant qu'elle le désire, je me souviendrai quand même de ces hommes. Le dernier que j'ai vu par la lucarne magique avait une foi si inébranlable qu'il s'était fracassé le crâne, et la foule de pélerins en délire le portait, la tête ruisselante de sang frais, vers quelque lieu saint jadis interdit par le dictateur. Quelle image forte. Impossible à oublier. Et pourtant je ne la comprends absolument pas : je ne peux pas envisager une telle auto-mutilation, je ne saisis pas le sens de son geste, je n'ai qu'une idée vague de sa religion, et encore moins de ses sentiments à l'aube d'une nouvelle ère pour son pays. Une fois de plus l'image m'a sorti de mon cocon, elle m'a ému profondément, mais je ne l'ai pas comprise. J'ai pourtant essayé, mais c'était trop difficile pour moi.
Maintenant que j'y pense, je crois qu'il en est ainsi de tous mes sentiments : ils m'exaltent et guident toute ma vie, mais je n'en comprends pas la moindre étincelle. La lumière brille, et elle m'aveugle. J'aurais peut-être mieux fait de rester dans le noir.
Ce sont les jours en blanc et les jours en noir.

Il y a des moments faciles où l'on a conscience de rien. Ouf.

Il y a des moments l'extérieur nous bouffe. Une hypersensibilité et tout semble nous agresser un manque de sécurité, on ne sait plus rien et la souffrance est grande dans le monde, non ce n'est pas supportable, une bouffée de larmes un empire sensitif, une sensibilité de petite fille.

Il y a d'autres moments où rien n'existe que l'intérieur de la tête qui cogne qui veut de l'air qui crie qui refuse. "Je" prends une importance énorme, insupportable, la souffrance vient de tous les coins du corps et de l'esprit partout sans solution. Alors le monde c'est moi et le reste n'existe pas.

Dans tous les cas nous sommes enfermés, entre gris clair et gris foncé, espérant si peu un jour capter la lumière par les couleurs comme l'homme dans sa caverne espère si peu comprendre les formes, sans relief, qui sont tout pour lui.

16 avr. 2003

En fait tout ceci m'amène à songer que je passe d'un état à l'autre régulièrement, que ma sensibilité au monde extérieur zappe de "totalement isolé" à "hypersensible". Dans le premier état, tout ceci n'a pas de réalité, ce n'est qu'une ombre sur un mur, ces gens sont morts mais je ne les connais pas, ils auraient pu n'avoir jamais existé que cela n'aurait rien changé. Je sens tellement de malheur dans ma propre existence que je ne peux que deviner que les autres personnes puissent vivre quelque chose d'encore pire, mais je m'en moque. Dans le second état, je me sens étrangement touché par ces images, en ce sens où je suis ému mais je ne sais pas très bien quelle émotion adopter : faut-il être horrifié par les atrocités sanglantes ? Faut-il être scandalisé par les exactions criminelles ? Faut-il avoir un avis sur tout cela ? Je sens que j'ai un devoir d'émotion vis à vis de ces images mais je ne sais pas vraiment lequel.
Parfois je regarde sans comprendre, et parfois je vois sans vouloir comprendre. Je suis vraiment un sale chieur, jamais content, jamais de bonne volonté. ma seule consolation, c'est que nous sommes six milliards de chieurs. On se console comme on peut.

8 avr. 2003

ah oui mais tu te fous de tout, on dirait.
La guerre, pas la guerre. Les gens qui meurent, pas les gens qui meurent. Les 15 milliards de gens qui ne peuvent pas exister, et c'est leur non-existant drame, mais pas le tien.

Est-ce que ces images de souffrance ne nous touchent vraiment plus ? Est-ce que, plutôt, on s'insensibilise en pensant, qui que ce sont des images choc donc racoleuses donc nous dignes de nous intéresser, qui qu'en effet, tout cela existe depuis toujours dans tous les coins du monde et qu'il n'y a pas plus de raison que d'ordinaire de s'en inquiéter, qui, que, peut-être (mais là il faut être sacrément tordu quand même), ces images sont montées par les services irakiens pour nous les faire prendre en pitié.

Bref, rien n'est vrai, tout est très loin, rien ne nous concerne. Pas plus que d'habitude cette actualité mérite de nous émouvoir.

C'est heureux. Nous avons justement nos propres petites vies à gérer, déjà. Déjà notre bonheur à augmenter, déjà tout ce temps perdu à n'être pas exclusivement concentré sur l'augmentation de notre propre niveau de vie.

C'est heureux qu'on ne soit pas concerné. Sinon nous n'aurions plus le temps ni l'envie d'acheter la PlayStation qui nous permet, oh joie, de tout faire avec une seule machine. Avec une seule machine, faire marcher le commerce, prendre du plaisir à regarder des DVD qui nous permettent d'occuper des soirées en oubliant qu'il y a d'autres façons de vivre, conforter les faucons dans la recherche de profit et endormir sa conscience.

La vie est bien faite.

22 mars 2003

A ce sujet, il m'est venu une réflexion particulièrement effrayante à propos du 11 septembre... j'ai vu un recueil de courts métrages fait par 11 pays du monde qui traitaient du thème de la catastrophe du 11 septembre. Comme je commençai à regarder, je revoyais en mémoire les événements... la stupeur de voir la tour s'effondrer... la surprise de voir les médias américains comme européens sombrer en pleine frénésie... et par dessus tout la conviction intime que je venais à l'instant de vivre un des moments les plus forts de mon existence, que c'était bien là ce que les vieux poussiéreux de la Sorbonne nomment l'Histoire.
Et pourtant chacun des courts métrages du film, malgré leurs différences, exprimait le même point de vue : le 11 septembre, c'est dur, mais chacun ses problèmes. Toutes ces oeuvres faisaient preuve d'une insensibilité inconcevable vis à vis des victimes, et surtout vis à vis des Etats-Unis en tant que nation attaquée. J'en était abasourdi tellement cela me paraissait impossible : quoi, on fait un film sur la catastrophe, et qu'est-ce qu'on dit ? Aux quatre coins du globe, on a ses propres problèmes, et les Etats-Unis, on s'en fout.
Passé le choc, il a fallu me rendre à l'évidence. Moi aussi, les Etats-Unis, je m'en foutais. Ce n'est pas de l'insensibilité, et surtout pas de l'hostilité anti-américaine, non, c'est juste que ce monde est une vallée de larmes et que des morts injustes, il y en a tous les jours dans tous les coins du monde.
Cela ne rend pas ces morts moins terribles. Cela fait juste qu'à force, on s'en fout.
Je regarde CNN, des bombes explosent, des sirènes retentissent, ds gens meurent pour rien. Comme toujours.
Passé le choc des images, je m'en fous.
Est-ce que c'est cela, la société de "mass media" ?

21 mars 2003

Demain tu te réveilles sous les bombardements.
Demain tout à coup tu ne sais plus où sont les gens que tu aimes et s'ils ont survécu.
Demain il n'y a plus l'eau courante, plus d'électricité. Tes voisins font brûler ta maison.
Demain tu ne peux plus traverser la rue, c'est trop dangereux.
Demain tu as peur que tes soeurs soient enlevées et violées, peur des souffrances lorsqu'ils te feront manger ton sexe ou ta langue.
Demain tu te réveilles, c'est l'enfer sur terre. Et le monde s'en balance.

Nous n'en ferons pas plus pour la Tchétchénie que pour la Bosnie.
Pour l'Irak, nous nous contenterons de regarder tomber les bombes à la télévision.

Ce genre de façon de s'en prendre plein la gueule, c'est trop n'est-ce pas ? On n'arrive même pas se l'imaginer, on n'arrive pas vraiment à se rapprocher de tant de souffrance. Nous ne sommes pas dans la même galère, et chacun chez soi.

20 mars 2003

Je dirai qu'il peut y avoir contradiction à la première vue, mais que finalement ça se tient...
En effet, Dieu est forcément majuscule en tant que Dieu de tous les hommes, qu'entité que nous partageons tous... mais mon Dieu à moi, lui, l'image que je m'en fais, cette petite divinité intime et sympathique, elle qui a une influence sur mon existence (ou du moins je l'imagine), ce Dieu là est mesquin et minuscule, mais malgré toutes ses erreurs je l'aime bien quand même.
La raison pour cette empathie ? Ce Dieu intime s'en prend plein la gueule, il a fini par attirer ma sympathie, on est dans la même galère, lui et moi.
Pour Saddam c'est la même chose. Je n'avais pourtant rien qui me rapprochait de lui, cet infect dictateur à moitié fou qui assassiné des milliers de personnes. Mais il s'en est pris plein la gueule, il est victime d'une haine injuste de la part d'un "ennemi commun", je finis par me dire que ce petit moustachu ventripotent m'est plus sympathique que ce vieux bigot tout sec à l'accent du Texas.
Finalement, pour me plaire, il faut s'en prendre plein la gueule. Je n'aime pas les gens heureux et en bonne santé. Je n'aime pas les gens qu'on aime. Alors quand Dieu est haï, il me semble proche, et quand il est aimé, son inexistence m'apparait absolument certaine.
J'espère être clair, heum ...
(Bon et bien, je vois.
"Dieu est forcément majuscule" et 5 jours plus tard,
"Dieu n'est pas la majuscule pour moi")

Pour l'instant tout va bien. Ce n'est pas le moment de paniquer. Disent-ils à la radio. Tout est allé très vite. Et on dit et on redit la même chose et ça n'arrêtera pas avant qu'on passe à autre chose. Le calme est revenu dans les rues de Bagdad en fin de matinée. La télévision officielle irakienne...

Et des frappes chirurugicales.

Y'a pas à être jaloux de Dieu. La colère des hommes contre Dieu est grande, on lui reproche beaucoup, on lui reproche, entre autres, de nous avoir laissé libres de faire du mal.

Heureusement que G.W. Bush est là pour faire la guerre contre les Forces du Mal.

16 mars 2003

Il m'arrive très souvent de médire sur Dieu, et pourtant je ne le connais pas. Ce n'est pourtant pas dans mes habitudes de casser du sucre sur les gens que je ne connais pas.
Parfois je me dis que je dois être jaloux de Dieu. C'est vrai, il est tellement génial, tout lui réussit : s'il fait quelque chose de bien on continuera à en chanter les louanges des millénaires plus tard. Moi la majorité du temps on ne le remarque même pas. S'il échoue, on baisse la tête tristement en se disant que ses desseins sont impénétrables. Tandis que mes erreurs à moi sont montrées du doigt, analysées, décortiquées, amplifiées puis enfin reprochées. Dans le fond il y a vraiment de quoi être jaloux.
Et un type comme ça essaie de me faire la leçon ??
Non, Dieu n'est pas la majuscule pour moi ; il lui faudrait être mon égal, se mettre à mon niveau, pour que je puisse lui accorder ce titre.

14 mars 2003

Dieu est étonnant la plupart du temps. Et les gens qui se prennent pour Dieu. Un petit point minuscule dans un univers que personne ne comprend, tout à coup, dit qu'il est Dieu. Dieu, infiniment.

C'est vrai la vie est trop petite, il n'est pas inutile d'essayer de la grandir. Et pourquoi pas en gueulant dans la rue qui oui, il faut s'insurger de cette petitesse, que oui, il y a une autre dimension à la vie, une dimension majuscule, que oui, "c'est moi Dieu".

Car Dieu est un peu en tout le monde, tout le monde est un peu en Dieu. C'est bien la définition de l'infini de Dieu, indéfini, indéfinissable.

11 mars 2003

Dieu est forcément majuscule. Il est le commencement, il est la majesté. Nous ne sommes que des minuscules.
Mais que serait le monde sans les hommes ? L'univers sans les étoiles ? Un Pot-au-feu sans viande ?
Parfois il me vient à l'esprit que la majuscule est l'élan initial et superbe, l'acte héroïque qui vient motiver le coeur des indécis et pousser les minuscules à suivre; pourtant ensuite ce sont elles qui doivent équilibrer l'acte qui partait trop loin et s'en allait s'écraser quelque part. Dieu a généré notre monde dans une course éfrénée vers la création; j'y trouve certes la beauté mais pas la sagesse, il y a les idées pour faire quelque chose de grand mais les finitions laissent à désirer. Dieu est un artiste génial mais aussi prétentieux et brouillon : il nous a donné les matières première et une ligne directrice, puis il attend que nous achevions son oeuvre en peaufinant les détails. Sans doute se croit-il trop précieux pour mettre les mains dans le bouillon.
La majuscule ne se risque jamais à quitter sa confortable place initiale.
Mais je reprocherai tout ceci à Dieu en silence...

10 mars 2003

sensiblement rédhibitoire.
Il fait nuit, il fait noir.
Règne du silence.

"dans l'interminable ennui de la plaine
la neige incertaine luit comme du sable"...


C'est le moment de recommencer un mondE.
Un monde qui finirait majusculeusement.

Le monde commence la nuit, c'est un fait.
La nuit où dans le silence on rit, dans le silence, on chuchote ou l'on crie, de plaisir.

Le monde commence la nuit, c'est parfait, entre les eaux de pluie et les eaux de l'abîme.

"et Dieu dit : "Que la lumière soit !""
"Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour"

6 mars 2003

L’embarras.
Qui ne s’est jamais retrouvé embarrassé ? Qui ne s’est jamais senti mal à l’aise, déplacé de force dans une situation souvent inextricable et terriblement gênante ? Qui n’a jamais eu le sentiment que les événements sonnaient faux, qu’il fallait que quelque chose se produise mais sans savoir quoi ?
Et si ce bruit soudain vous réveille en pleine nuit ? Il y a un moment de flottement, on est encore tout groggy sans bien se rendre compte qui l’on est et où l’on est. Et puis petit à petit les paupières s’ouvrent. Yeux qui piquent. Image floue. 4h00 du matin. Gorge râpeuse, très sèche. On finit par bien l’entendre ce bruit, on ne l’a pas rêvé, aucune erreur possible : un voisin joue de la guitare à quatre heures du matin !
Bien entendu, on aimerait attendre que ça se passe, prendre le temps de s’assoupir petit à petit jusqu’à se rendormir, si on se lève il sera trop tard et on sera réveillé tout à fait, extirpé de cette douce torpeur matinale pendant laquelle tout est lent, chaud, et que les draps sont doux.
Mais à côté, dans le lit, la femme ronchonne :
« Putain de merde de guitare 4h00 du mat’ j’y crois pas bordel chéri tu es un homme que diable va faire cesser ce bruit immédiatement »
C’est soudain devenu une question d’honneur : il faut se lever et assumer son rôle masculin et viril. Qui est l’homme ici ? Qui a les couilles pour aller éclater la tête de ce joueur de guitare ? Alors on rampe hors du lit, on glisse comme une limace vers la penderie, les vêtements sont déjà au sale, tant pis, on les remet quand même en les dénichant dans le panier malodorant, et puis il faut allumer la lumière pour trouver ses chaussures, les paupières se font alors si lourdes, les yeux sont réduits à un filet minuscule de lumière. C’est déjà trop, on a de la lumière mais on préfère fermer les yeux.
Enfin on est prêt à jouer son rôle de voisin mécontent, on sort, pas de doute, c’est bien une guitare qui vient d’au dessus. On attend quelques secondes, un autre voisin a-t-il déjà eu le courage d’y aller ?

Non. On est le premier. Plus moyen de se défiler, il faut y aller. On frappe à la porte doucement : attention à ne pas sonner, il ne faut pas faire trop de bruit, y’a des gens qui dorment ici. La guitare se tait enfin, la porte s’ouvre en un feulement discret. C’est une jeune fille dépenaillée, l’instrument fatidique à la main. Elle attend quelque chose, visiblement, une remarque, un cri, une gifle, n’importe quoi, mais elle attend. Il faut réagir. Le moment est venu.
« Voilà heum je me disais comme ça étant donné qu’il est quatre heures du matin vous voyez est-ce que ce serait possible de faire moins de bruit hein des fois parce que moi j’essaie de dormir et forcément voilà quoi hé hé c’est pas que j’aime pas la guitare vous jouez très bien c’est très joli mais voilà quand même je suis votre voisin du dessous au fait bonjour. »
Moment légèrement tendu. Pas de réaction de la jeune fille. Puis enfin, elle rajuste ses lunettes sur son front et dit :
« Non j’ai envie de jouer de la guitare et je vous emmerde monsieur le voisin bonsoir. »
Elle referme la porte.
Le bruit de guitare reprend.
L’embarras arrive.
J’en viens au fameux silence majuscule… cet univers n’est qu’embarras et gêne continue, il y a toujours du bruit partout, aucun silence nulle part… peut-être à l’origine du monde y avait-il le silence ? Et enfin, la paix ? La quiétude, le bonheur, l’ataraxie ? Au début du monde, au commencement de la phrase, il y a la majuscule et le silence. Ensuite il n’y a que des minuscules et du boucan. Comment retrouver la majuscule du silence ?
Et si on recommençait un monde, pour voir ?

3 mars 2003

Voilà, j'ai trouvé un titre au blog.
C'est ridicule, évidemment.

Majuscule, ça doit venir d'une chanson de Noir Désir. (mais enfin, chez moi, il n'y a pas grand chose qui ne vienne pas d'une chanson, et dans Noir Desir, il y a vraiment à boire et à manger)
Silence, parce que tout celà finalement c'est de la communication silencieuse. Mis à part le bruit des touches, y compris celui si particulier de la barre d'espace. Mis à part le si doux bruit du modem.
pidibip crrcchhhccrsxxxxxxxx pidou, pidou pi ! pidou, pidou pi!
ccrrrcchchchcxxxx pidou, pidou pi! pidou, pidou pi !

Parce que dans le silence on est plus tranquille pour dire des bêtises. Parce que je sais bien que The Penguin a des réserves illimitées pour écrire des bêtises. Ce n'en sont pas toujours, mais il faut bien justifier tout ça : et la justification c'est que c'est pour amuser les gens. Ca marche. Ca les amuse, la plupart du temps.

Ce soir mon appart essaye de rester silencieux. Parce que la nuit dernière, prise d'une frénésie créative, j'ai un peu joué de la guitare à 3/4 heures du matin. Ce n'est pas la première fois que j'empêche la voisine de dormir, mais c'est la première fois qu'elle vient sonner chez moi pour me le dire. Je me sens tout à fait conne, du coup, forcément.
Ce soir silence. Silence Majuscule.