Donner...
Recevoir...
Ce que je peux dire sur l'amour n'a pas une vraie valeur d'expérience et de connaissance, ce n'est qu'un fantasme, j'essaie de le rendre le plus réaliste possible, ou plutôt conforme à l'idée générale que les gens se font de l'amour, il n'en reste pas moins un pur fantasme.
La fille que j'"aime" me répète souvent la même chose, à savoir que si on n'est pas capable de donner sans espoir de recevoir, on est incapable d'aimer. J'ai la sensation, peut-être aigrie, de lui avoir énormément donné, j'ai donné tout mon coeur tout d'abord, j'ai donné mon temps, j'ai donné de mon argent aussi (je sais que dire qu'on est généreux d'argent passe pour de l'arrogance dans ce pays, mais tant pis), j'ai donné aussi de la chose qui est, selon moi, mon bien le plus précieux : ma gentillesse. Encore et encore de la patience, de l'ouverture d'esprit, de la compassion.
Dans mon esprit, aimer c'est donner. Lorsque j'aime, je veux donner, ce n'est pas seulement pour prouver mon amour, c'est juste parce que ça me paraît naturel, pour moi donner c'est tout simplement l'acte élémentaire d'amour.
Cette fille m'a expliqué que j'avais tort, qu'un amour pur se construisait précisément là où personne ne donnait rien à l'autre, que donner était un acte égoïste et prétentieux qui imposait un rapport de force à l'autre, que donner comme je donne c'est toujours réclamer quelque chose en retour, c'est acculer l'autre à avoir honte de ne pas donner en retour. Quelque part cela m'a fait penser à cette conception un peu Nietszchéenne qui dit que seuls les faibles reçoivent, et que seuls les forts sont dignes de survivre.
Cette fille m'a expliqué que lorsque je l'invitais au restaurant, je n'étais pas gentil avec elle comme je le croyais, bien au contraire, je la mettais au pied du mur, je la contraignais à me devoir quelque chose, et qu'il n'y avait là vraiment aucun amour possible.
Et je dois l'avouer, malgré ma stupeur initiale, elle a raison. Je lui donne beaucoup, c'est vrai, et mon espoir réel c'est qu'un jour je reçoive d'elle, je reçoive sa gentillesse, sa tendresse, et pourquoi pas, son amour. Je lui donne effectivement afin de recevoir en retour ; je prends plaisir à donner, mais je crois que c'est parce que je me dis que je "marque des points" pour influencer l'autre.
En fait, j'aime en espérant recevoir de l'amour. C'est sans doute un amour mesquin, un amour définitivement insatisfait.
Aujourd'hui je crois que j'ai compris que je ne devais rien attendre de personne, que chercher à obtenir quelque chose avec son coeur c'est irrémédiablement diminuer ses chances de l'obtenir, et augmenter la peine de la déception qui en suit. Aujourd'hui j'ai envie de prendre ce que l'on me donne sans me poser trop de questions. Aujourd'hui on me donne et j'en suis heureux, et j'ai envie de prendre et de donner au fil de l'eau et je sais bien que tout cela est sans doute temporaire et sans importance, mais cela ne me dérange plus. J'ai fini par acepter l'idée que je ne saurais jamais ce qui se passe réellement dans la tête des autres, que je ne saurais jamais quels sont les sentiments profonds des autres, et que cela n'avait pas autant d'importance que je croyais auparavant. Cela ne peut sans doute pas s'appeler de l'amour, mais cela me plaît beaucoup et je comprends que cela soit satisfaisant.
Je réalise aussi à quel point il me reste de choses à apprendre sur le plaisir et l'amour, et aussi à quel point certaines personnes n'ont pas fait l'effort de vouloir apprendre. Je ne veux plus faire partie de ces gens-là, et j'espère seulement qu'il n'est pas trop tard pour bien faire.
12 avr. 2004
Je me suis rendue compte d'un truc dans la voiture.
Là, tout à l'heure.
Une histoire de coeur.
Je ne sais pas comment j'en suis arrivée là, sûrement à partir de la musique qui passait. Et qui retraçait une ambiance. Une ambiance de rupture, de mal-être, par exemple. je me suis rendue compte que ça me serrait quand même, ça me serrait quand même le coeur.
On me dit en substance "avec cette volonté de rester détachée sentimentalement [de tes amants], quand tu laisses libre cours à tes sentiments, ça doit être d'une force extraordinaire". Non, juste, je n'ai pas de sentiments extraordinaires, pour l'instant, je préfère vivoter d'un semblant d'amour, parce qu'on me le donne, parce que j'aime le recevoir.
J'aime.
Le recevoir.
Voilà ce que j'ai explicité dans la voiture. Le sentiment qui fait mal et que je ne veux revivre à aucun prix c'est ce sentiment que j'ai subi à la fin de mon histoire qui a duré deux ans. Et que s'est-il passé ? Je me sentais aimée moins. Je sentais la lassitude, je sentais que je rendais malheureux. Et je sentais aussi que je n'avais plus envie de faire aucun effort pour récupérer cette relation, je sentais que je n'étais pas bien moi-même et qu'il ne pouvait rien faire pour moi, non plus. Je me sentais perdre pied, est-ce mon coeur qui était brisé ?
J'ai toujours dit que je ne l'avais jamais vraiment aimé, ou alors entre le 3ème et le 6ème mois de notre relation. Après ça, en simplifiant, on peut dire qu'il m'a manqué, c'est tout. Et quand je dis que je l'ai aimé, j'ai juste aimé recevoir son amour. Il y a eu un moment très beau où je me suis laissée aller, non à l'amour, mais à aimer ce qu'il me donnait. A m'attacher à tout ça, à désirer le revoir, désirer notre relation. Me rendre fragile, dépendante. Je ne l'ai jamais aimé pour ce qu'il était mais pour ce qu'il me donnait. Je l'ai aimé pour moi, pour m'aimer moi, pour l'image qu'il me renvoyait. Et c'est cette rupture qui m'a fait du mal. Cette rupture d'avec moi vue par lui. Et je ne sais pas aimer autrement. Je ne sais que m'attacher égoïstement. Et je ne veux plus que ça arrive.
Est-ce cela qu'on appelle l'amour, tout de même ? Cette envie de recevoir des attentions particulières ? Cette envie de se donner tout entier, comme un petit enfant ? Je ne crois pas. Je ne suis pas sûre d'avoir quelque chose à regretter. Je peux tout juste regretter de ne pas avoir su aimer. Regretter de ne pas avoir de sentiments extraordinaires. De ne même pas savoir ce qu'on me dit lorsqu'on [ne] me dit [pas] "je t'aime". De ne pas savoir ce que c'est de se jeter comme ça amoureux. Je me souviens de cette joie du troisième mois, quand je me suis laissée aimer, quand j'ai commencé à m'engager dans la relation comme si l'avenir n'existait pas et que les jours seraient tous les mêmes et tous faciles. Cette joie ressemblait à celui de l'amoureux. Mais j'aimais un miroir indulgent.
Ca m'a fait du bien, je crois, tous comptes faits. J'en avais besoin, d'indulgence. J'avais besoin d'amour, énormément, j'avais besoin de confiance en moi. Mais on se rend compte de ce dont on a eu besoin seulement lorsque l'effet est fait. De quoi ai-je besoin aujourd'hui ? De temps. De temps pour vivre, d'amis pour être bien, et j'en ai. Et de bien d'autres choses que mon inconscient garde pour lui. Mais je pense me contenter aujourd'hui de sentiments ordinaires. Et de continuer d'aimer qu'on m'aime, tant pis. Vivre de partage et de confiance plutôt que d'amour, j'espère. Savoir donner et surtout savoir recevoir.
Fragilement, tendrement, librement, je continuerai, j'espère, à ne pas m'attacher.
Là, tout à l'heure.
Une histoire de coeur.
Je ne sais pas comment j'en suis arrivée là, sûrement à partir de la musique qui passait. Et qui retraçait une ambiance. Une ambiance de rupture, de mal-être, par exemple. je me suis rendue compte que ça me serrait quand même, ça me serrait quand même le coeur.
On me dit en substance "avec cette volonté de rester détachée sentimentalement [de tes amants], quand tu laisses libre cours à tes sentiments, ça doit être d'une force extraordinaire". Non, juste, je n'ai pas de sentiments extraordinaires, pour l'instant, je préfère vivoter d'un semblant d'amour, parce qu'on me le donne, parce que j'aime le recevoir.
J'aime.
Le recevoir.
Voilà ce que j'ai explicité dans la voiture. Le sentiment qui fait mal et que je ne veux revivre à aucun prix c'est ce sentiment que j'ai subi à la fin de mon histoire qui a duré deux ans. Et que s'est-il passé ? Je me sentais aimée moins. Je sentais la lassitude, je sentais que je rendais malheureux. Et je sentais aussi que je n'avais plus envie de faire aucun effort pour récupérer cette relation, je sentais que je n'étais pas bien moi-même et qu'il ne pouvait rien faire pour moi, non plus. Je me sentais perdre pied, est-ce mon coeur qui était brisé ?
J'ai toujours dit que je ne l'avais jamais vraiment aimé, ou alors entre le 3ème et le 6ème mois de notre relation. Après ça, en simplifiant, on peut dire qu'il m'a manqué, c'est tout. Et quand je dis que je l'ai aimé, j'ai juste aimé recevoir son amour. Il y a eu un moment très beau où je me suis laissée aller, non à l'amour, mais à aimer ce qu'il me donnait. A m'attacher à tout ça, à désirer le revoir, désirer notre relation. Me rendre fragile, dépendante. Je ne l'ai jamais aimé pour ce qu'il était mais pour ce qu'il me donnait. Je l'ai aimé pour moi, pour m'aimer moi, pour l'image qu'il me renvoyait. Et c'est cette rupture qui m'a fait du mal. Cette rupture d'avec moi vue par lui. Et je ne sais pas aimer autrement. Je ne sais que m'attacher égoïstement. Et je ne veux plus que ça arrive.
Est-ce cela qu'on appelle l'amour, tout de même ? Cette envie de recevoir des attentions particulières ? Cette envie de se donner tout entier, comme un petit enfant ? Je ne crois pas. Je ne suis pas sûre d'avoir quelque chose à regretter. Je peux tout juste regretter de ne pas avoir su aimer. Regretter de ne pas avoir de sentiments extraordinaires. De ne même pas savoir ce qu'on me dit lorsqu'on [ne] me dit [pas] "je t'aime". De ne pas savoir ce que c'est de se jeter comme ça amoureux. Je me souviens de cette joie du troisième mois, quand je me suis laissée aimer, quand j'ai commencé à m'engager dans la relation comme si l'avenir n'existait pas et que les jours seraient tous les mêmes et tous faciles. Cette joie ressemblait à celui de l'amoureux. Mais j'aimais un miroir indulgent.
Ca m'a fait du bien, je crois, tous comptes faits. J'en avais besoin, d'indulgence. J'avais besoin d'amour, énormément, j'avais besoin de confiance en moi. Mais on se rend compte de ce dont on a eu besoin seulement lorsque l'effet est fait. De quoi ai-je besoin aujourd'hui ? De temps. De temps pour vivre, d'amis pour être bien, et j'en ai. Et de bien d'autres choses que mon inconscient garde pour lui. Mais je pense me contenter aujourd'hui de sentiments ordinaires. Et de continuer d'aimer qu'on m'aime, tant pis. Vivre de partage et de confiance plutôt que d'amour, j'espère. Savoir donner et surtout savoir recevoir.
Fragilement, tendrement, librement, je continuerai, j'espère, à ne pas m'attacher.
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