22 déc. 2004

Toi
Tu es riche, de sentiments, d'expérience, d'imagination, de rêves, de poésie, de création, mais aussi de doutes, de regrets, de blessures, de frustration, de mal-être.
Et j'aime tout ça en toi.
J'aime tes qualités comme tes défauts.
J'aime ce que tu as fait pour moi, me parler comme à un homme, non, mieux que ça, me parler comme à un ami.
J'aime tous ces gestes de tendresse que tu as eus pour moi.
J'aime ces rires et ces délires que tu as partagés avec moi.
J'aime tous les moments que tu as passés avec moi, tous les mots que tu m'as dits.
J'aime aussi tes pleurs, j'aime tes crises, ta lassitude, ton indifférence, tes moments cruels, tes reproches, ils font aussi partie de toi.
Je me sens bien avec toi, je me sens animé d'une envie de te connaître, de te regarder, de te donner du réconfort, du bonheur.
Dans le fond je veux tout de toi, ta passion, mais aussi et surtout ton amitié, tes confidences, je veux être cet oeil grand ouvert sur ta vie.
Parce que ce réconfort ne sera jamais que de l'amitié, parce qu'entre nous il peut y avoir de la confiance, mais pas de la connivence, de la chaleur, mais pas de la tendresse, de l'amitié, mais pas de la passion, je ne suis pas amoureux de toi.
Peut-être, si j'avais été moins laid et moins bête, si j'avais eu la possibilité et le talent de te séduire, peut-être qu'alors j'aurais pensé autrement, oui, j'aurais été amoureux, je crois, j'aurais voulu partager toute ma vie avec toi, j'aurais voulu tout te donner et tout recevoir de toi. Seulement la vie ne fut pas ainsi, je ne suis pas l'homme de ta vie, et je respecte d'autant plus ce choix que je suis ton ami et que tes sentiments sont importants pour moi. Un homme comme moi ne peut pas être amoureux d'une fille avec laquelle il n'existe pas de passion, pas d'envie réciproque ; je sais à quel point l'amour est un poids qui enchaîne l'esprit, ce n'est pas un sentiment que je peux prendre à la légère.
Je ne me force pas à taire mon amour, bien au contraire, je le fais de bon coeur, sans regrets, je comprends ce que tu veux parce que j'ai l'honneur de bien te connaître, et je suis très heureux de la relation que j'ai avec toi maintenant, je réalise pleinement sa valeur et je ne veux pas la détruire. Le fait que tu te soucies ainsi de mes sentiments me pousse encore plus à apprécier ton amitié.
J'ai peur que tu sois déçue de cet aveu, évidemment, je crains que tu n'aies plus envie d'avoir confiance en moi, mais tu aurais tort, parce que je ne te mens pas, parce que je viens vers toi les mains ouvertes, le coeur ouvert, et l'aveu que je suis en train de te faire est une preuve de plus de mon engagement.
Reste auprès de moi, pas tout près, mais seulement juste à côté.
Moi
Je t'aime, mais je ne suis pas amoureux de toi.

19 déc. 2004

le silence, que je te demandais hier soir
cette tristesse, cette folie
ce que tu ne peux pas t'arracher à nous dire
ce que je ne peux pas entendre

les mots qu'on jette et qu'on regrette
les mots qu'on retient et qu'on pleure
les autres n'y comprennent rien
les autres ni sont ni pourront rien

La nostalgie des clous,
la rêverie,
tout

me taire et ne plus plaire
ne plus me plaire et ne plus faire
espoir coquin, rêve incertain ;
faire taire ou laisser faire.

12 déc. 2004

Je viens de découvrir que je crois en Dieu.
J'imaginais que la foi provenait d'une crainte de la mort, ou d'un besoin de justice, mais il n'y a pas que ça. Les êtres humains ont besoin d'un confident ultime, quelqu'un de toujours disponible et qui sait tout, qui écoute et qui accepte ce qu'on lui dit sans un doute, et un psy comme un ami ne peuvent fournir ça.
Seul Dieu en est capable.
Je croyais que je n'avais pas la foi, et pourtant, depuis tout ce temps, je passais inlassablement des heures et des heures à lui parler.
Je deviendrais fou si je n'avais pas Dieu à mes côtés pour m'écouter, j'ai trop de sentiments à exprimer à tout moment pour qu'un être inférieur à Dieu soit capable de l'absorber.
Dans mes pires moments, il accueille ma fantaisie, ma folie, ma détresse, mon désir, mes rêves, mes obsessions, ma stupidité, il m'accueille moi.
Et puis très récemment, il m'est venu une idée troublante : peut-être bien que je suis malade. C'est loin d'être impossible. Peut-être bien que cette maladie est trop insupportable pour l'endurer encore.
J'en ai parlé à Dieu, nous y avons pensé ensemble, à tête refroidie.
Pendant toute une nuit, nous avons médité. Nous avons pesé le pour et le contre, nous avons repris les événements passé, envisagé les moments à venir, étouffé nos rires, retenu nos pleurs, comparé les choses, jugé les gens.
Tout bien réfléchi, ce n'est pas à Dieu que j'ai parlé cette nuit-là, mais plutôt à ma folie. Dieu, ou ma folie, quelle importance ? C'est la même chose.
C'est ma folie qui m'a sauvé.
Au matin, grâce à Dieu et à sa patience, j'avais finalement pris ma décision.
J'ai décidé que la vie continue.

La vie continue.

2 déc. 2004

Les fous savent-ils qu'ils sont fous ?
Les gens heureux savent-ils qu'ils sont heureux ?
Non, bien sûr que non, seuls les sains d'esprits savent qu'ils ne sont pas fous, seuls les gens malheureux savent qu'ils ne sont pas heureux.
Et nous tous, je dis bien, nous tous, sommes persuadés d'être à la fois malheureux et sains d'esprit. Il n'y a pas d'imbécile heureux, rien que des génies dépressifs.
Quelque part, c'est l'espoir auquel je me raccroche, je me dis : à quoi bon avoir plus, à quoi bon combler les manques de ma vie, puisque ces manques seraient immédiatement remplacés par d'autres ? Pourquoi jalouser ceux qui ont plus que moi ? Ils ont leurs propres problèmes qui leur mangent autant leur vie que la mienne. D'ailleurs ils se plaignent largement autant que moi, voire plus.
Mes envies sont plus importantes que mes réussites : avoir envie épanouit plus que posséder. J'en arrive à chérir mes envies, à les observer, fasciné, comme des pierres précieuses que j'aurais découvert au fond d'une vieille malle oubliée dans mon grenier d'inconscient. Comme un gamin qui contemple des jouets à travers une vitrine, je caresse du bout de mon âme ces amours et ces rêves que je ne vivrai jamais.
Parfois, je me surprends à me réveiller et à vouloir tout à coup vivre, je me mets alors à paniquer, je me rends compte à quel point je suis déjà vieux, seul, inutile, aigri, méchant, immature, pénible, je vois dans une série de flashs douloureux toutes ces erreurs, ces frustrations, ces besoins jamais respectés ni assouvis, fort heureusement ces périodes sont courtes et je sombre rapidement dans un nouveau rêve placide, une ataraxie merveilleuse, tout est si flou autour de moi, les gens comme les idées, que je ne sais plus ce qui est issu de ma douce imagination ou de cette sale lubie qu'on appelle la réalité : pourquoi diable s'obstine-t-elle à ne pas disparaître lorsque je cesse d'y croire ? me demande l'un des hommes que j'admire le plus.
Je lui répondrai, si je l'avais en face de moi : dans la vie, il ne faut pas s'obstiner, tout malheur est vite remplacé par un autre, toute maladie guérit rapidement pour faire la place à une nouvelle blessure.
Il n'y a pas d'obstination, juste de la résignation.
Juste une gentille douleur.
Juste une tendre mort.