29 déc. 2005

je suis dans une période triste
super triste
tout ce qui pourrait être joyeux n'a pas de valeur
je suis dans une période où je me dis que tout se paye
que l'impunité n'existe pas.

l'insouciance n'existe pas
la jeunesse est perdue

Tout ce qu'on fait, tout le luxe qu'on se paye, du matériel au spirituel, tout ça va se payer.
Tous ces moments où on n'a pas mal, ces moments où l'on écoute quelque chose d'intéressant à la radio, ces moments où l'on s'embrasse, tous ces moments, on ne les mérite pas.
Alors j'attends que le malheur revienne. Je l'appelle presque. Ma tristesse est un appel.
Ma tristesse est sans appel.

Je me dis que tout ça va mal finir, de toutes façons.
Le monde est mal barré
La France est mal barrée
Les jeunes sont mal barrés
La famille Bonhomme est super mal barrée
Je suis mal barrée

On va juste vieillir et mourir. Et on sera peut-être assez intelligents pour pas faire des gamins qui verront la terre mourir aussi. Petit à petit.
Sarkozy président; Finalement, c'est rien de bien important.
De toutes façons on est foutus.

Tous ces moments où l'on profite, de l'aspirine au festival de rock, de l'internet à la compote de pomme, j'ai l'impression que tout ça est bientôt fini. Je n'ai même pas envie d'en profiter, je me dis que plus on profite maintenant, plus on souffrira. Mais on souffrira de toutes façons. Reste à se dire qu'on y était pour rien.
"Quand on y est pour rien qu'on y est pour personne on peut toujours essayer l'amour au téléphone"

Les choses que l'on fait on les fait pour rien, c'est triste et c'est reposant.
Si y a rien de bien au moins c'est toujours ça de moins à se reprocher pour la suite, pour les gens qui souffrent, pour nos enfants.
Et ce qui fait mal fait tellement pas mal, c'est tellement normal.
Allez ça continue, allez, c'est pas grave. Y'a rien de bien, y'a rien de mal. Y'a pas d'avenir.

J'ose le dire ou j'ose pas le dire, bon sang ?
J'ose répéter ou pas cette rengaine de mon passé, le refrain
"je vogue à l'envers, parmis les fleurs renversées"

cette phrase, elle me chavire.

Joyeux Noël.

23 déc. 2005

Finalement, malgré tout, on aime.
On aime tout le temps.
On chante tous l'amour, et même dans notre douleur, nos erreurs, nos frustrations, nos doutes, nos solitudes, nous chantons l'amour, nous chantons pour ceux et celles que nous aimons et aussi pour ceux et celles que nous n'aimerons pas, nous chantons la sérénade à nos parents, à nos enfants, à notre famille, aux gens qu'ont aimerait voir vivre mieux, aux clodos qu'on voudrait voir sortis de la misère, aux inconnus qui pleurent dans la rue sans que l'on sache pourquoi, on chante aux couples inconnus qui s'engueulent dans la nuit, aux gens malades dont on espère la guérison sans savoir quel mal les affecte, aux enfants qu'on veut tous voir grandir heureux sans avoir la moindre idée de qui ils seront vraiment plus tard, on les aime tous un peu, on voudrait tous qu'ils soient heureux, on ne les connait pas, on ne leur parlera jamais, on ne les verra peut-être même pas, et pourtant, on se sent proches d'eux, on les aime.
Et peut-être même qu'à notre humble niveau d'amour, on leur donne quelque chose, on les aide.
Enfin, ce qui est certain, c'est qu'on leur offre plus à les aimer qu'à les haïr.

22 nov. 2005

on cherche tous et on ne trouve pas
quelqu'un qui quand on rentre nous dit
qu'il est content qu'on soit là
que la vie est plus douce
et la tendresse et la lumière
que la vie vaut la peine
la peine et la joie et la rengaine

rengaine de la solitude
rengaine du toujours plus grand
toujours plus et jamais vraiment

on cherche tous, on n'y croit pas
quelqu'un qui soit juste à côté
juste pareil
juste différent
juste assez et juste tellement enveloppant
on se croirait à l'intérieur
au chaud, au dedans.

et le bout du nez souriant,
et les morceaux de mots qu'on murmure
et les petits éclats et les grands entrainements
les cascades et les tourneboulements
ou simplement, s'approcher en souriant, poser
encore une fois

sa main sur ses yeux
ses yeux sur sa bouche
sa bouche sur sa peau
sa peau sous sa main

et étouffer, tellement.

7 nov. 2005

Tu m'fais la têt' (c'est tout)
On s'fait la fêt' (ent' nous)
Je m'prends la tête (partout)
Une vie complète (dans l'coup)
La porte ouverte (vers où ?)
J't'en prie arrête (qu'c'est mou !)
On tue la bête (en nous)
Par-dessus tête (casse-cou !)
La vie est chouette (hibou !)
Tu es parfaite ! (c'est chou...)
Je m'y apprête (à genoux)
Comment t'es faite ? (en dessous ;-) )
Je vois la bête (en vous)
Je cache ma gêne (surtout)
Je cache ma peine (à vous)
Je crache ma haine (de tout)
J'suis un poète (pas vous ?)
Je crois qu'j'vous aime (c'est fou !)

26 oct. 2005

J'ai envie de comprendre.
Je n'ai pas envie d'apprendre.
J'ai envie de savoir.
Je n'ai pas envie d'être contredit.
J'ai envie d'être au calme.
Je n'ai pas envie de m'ennuyer.
J'ai envie de manger de la viande en sauce.
Je n'ai pas envie de grossir.
J'ai envie de voyager.
Je n'ai pas envie de me déplacer.
J'ai envie de faire l'amour.
Je n'ai pas envie de ne pas dormir.
J'ai envie d'être aimé.
Je n'ai pas envie de séduire.

Et, quelque part, sur une planète lointaine, autour d'un astre inconnu, quelqu'un regarde dans le ciel en rêvant, fixant un point précis où il ne voit rien, et, en face, ici, sur Terre, moi, je regarde le ciel et je le vois, lui.

Et je regarde quelque part vers le Nord-Est, à travers la terre et le béton, à travers les routes et les arbres, à travers les voitures et les gens, à travers les camions et les oiseaux, et je te vois, toi.

Tu me manques.
Tu me manques comme ce qui est toujours là mais qu'on ne voit pas.
Tu me manques comme ce qu'on voit devant nous mais qu'on ne peut pas toucher.
Peux-tu me toucher de ta voix ?
Peux-tu me toucher du doigt ?
Tu me manques comme ce dont je peux me passer.
Tu me manques comme ce que je ne veux pas oublier.
Peut-on manquer de ce qu'on n'a jamais eu ?
Peut-on posséder entièrement quelque chose qui nous a manqué rien qu'une fois ?
Peut-on vraiment savoir ce qu'on désire sans l'avoir obtenu ?
Peut-on vraiment désirer quelque chose qu'on a déjà obtenu ?
Peut-on se forcer à oublier quelque chose ?
Peut-on se forcer à ne pas oublier ?
Peut-on manquer de tout sans exagérer ?
Peut-on ne manquer de rien sans mentir ?
Peut-on faire en sorte de manquer à quelqu'un ?
Peut-on se manquer à soi-même ?
Peu importe :
Toi, tu me manques.

10 oct. 2005

(attention morceaux d'auto-complainte)

Dans ma vie, aucune fille ne m'a jamais dit "je t'aime"

Sauf une, qui a eu une façon étrange de me le dire. Elle ne m'a rien dit sur le coup, mais peu après, elle m'a dit "je t'ai aimé pendant 7 jours et demi".

7 jours et demi.

Que se passe-t-il pendant 7 jours et demi ?

Que s'est-il passé à la moitié du huitième jour ?

De plus, ce furent sept jours et demi pendant lesquels nous ne nous sommes ni vus ni parlé.

Alors quoi ?
Je ne le saurais probablement jamais.
Mais elle m'a aimé vraiment, je crois.

Ce week-end, une fille m'a dit : "tu es plus vivable qu'avant".
Compliment agréable et engageant, qui m'a aussi fait comprendre qu'avant, je n'étais pas vivable.

Qui étais-je ? Suis-je vivable aujourd'hui, ou seulement "plus vivable" ?

J'ai besoin qu'on m'aime.
Je pars loin d'ici.
Je suis loin de vous.
Vous ne m'avez pas vu m'éloigner.
Vous ne cherchez pas à me retenir.
Je me sens tellement seul.
Je me sens tellement mieux.
Comme un gros poids qui me tombe dessus, d'un coup.
Comme si j'avais cru être malheureux, mais on moins que quelqu'un compatissait à mon malheur,
Comme si en fait ce malheur mesquin n'émeuvait personne.
Je suis vieux.
J'ai besoin qu'on m'écoute et qu'on me soutienne lorsque je ne vais pas bien.
J'ai besoin qu'on me parle et qu'on s'amuse avec moi lorsque je vais bien.
Des gens tournent autour de moi, mais ils ne me voient pas.
Des gens qui aiment autour,
Seulement du vent dedans.
Etre seul, c'est aussi se rendre compte que personne ne souffre avec nous. C'est cela, être seul au milieu de la foule.

Dans la rue, parfois, des filles me regardent et pouffent entre elles. Est-ce qu'elles se moquent de moi, ou est-ce qu'elles me trouvent mignon ?
Ou est-ce que, plus probablement, elles ont vu quelque chose à côté de moi ?

Etre un perdant, ce n'est pas avoir moins que les autres, c'est vouloir ce que l'on aura pas.
Et si je passais de perdant à solitaire ?

7 jours et demi qui font une différence.
7 jours et demi qui comptent.

7 jours et demi pour rattraper une vie.
7 jours et demi pour regretter une envie.

28 sept. 2005

Ecrasé
Perdu
Volontaire, pourtant

un soldat qui sort de sa tranchée pour monter se faire faucher par la mitraille, qu'est-ce qui peut bien traverser son esprit ? A-t-il lui aussi la sensation qu'il a fait le bon choix et qu'enfin il est courageux ?

Envie de ne plus faire de mal
Tellement envie de savoir quoi faire

Je m'étais parfois dit : si je rencontre Dieu, je lui demanderai de me donner quelque chose qui me rendrait heureux, et j'avais vraiment tort.
Donne un poisson à un homme, ou apprends lui à pêcher ?
Si Dieu arrive ce soir, je lui demanderai : dis-moi comment faire pour ne plus faire de mal à ceux que j'aime et à ceux qui m'aiment.

Des bras, fins, chauds, qui m'enserrent et m'enlacent
Des mains, fines, chaudes, qui se déplacent par minuscules sauts dans le creux de mon dos
Des cheveux, fins, chauds, au parfum des blés humides carressés par le soleil d'été après l'averse, qui se perdent autour de mon visage
Des lèvres, fines, chaudes, que je sens à peine frémir au contact de ma nuque

Je suis fou
Tous les hommes sont fous
Et ça n'est pas une excuse

Je te demande pardon
Tous les hommes demandent pardon
Et ça n'est pas une excuse

L'organe dont on se sert le plus est sans doute le coeur, car c'est celui qui est le plus usé.

13 sept. 2005

(enfin blogspot se décide à marcher !)
Beaucoup de choses ont pimenté ma vie, ces dernières semaines. Et cette accélération, je l'ai provoquée. Cela n'est pas parce que je suis courageux, non, c'est car j'en avais assez, je ne supportais plus cette attente, je ne pouvais plus encaisser le Silence.
Qu'ai-je fait ?
Je me suis réconcilié avec mon propre corps. Cela m'a demandé beaucoup d'efforts, mais j'y suis parvenu.
J'ai affronté mes parents la tête haute, je leur ai dit stop, j'ai dit stop à l'ignorance, stop au racisme, stop à l'intolérance, j'y ai perdu des plumes, mais je m'en suis plutôt bien sorti.
J'ai prouvé à moi-même que j'étais beau en parvenant, pour la première fois de ma vie, à séduire une jeune femme. Je l'ai fait pour rien, je ne voulais rien en faire, je voulais juste savoir si j'en étais capable, et j'en suis capable.
J'ai essayé de me faire peur pour provoquer en moi une réaction, j'ai couru, j'ai sauté, j'ai jeûné, j'ai sué, je me suis fait mal, et j'ai tenu bon.
Et, fort de tout cela, parce que je me sentais prêt, parce qu'enfin je n'avais plus peur de ma médiocrité, j'ai été la voir.
Une première fois, j'ai parlé avec elle, plus vite, plus loin, plus vrai, et j'en ai retiré un grand doute, l'impression que la balle était dans mon camp, que c'était à moi d'y aller, c'était à moi de réussir, c'était à moi d'échouer.
Et puis je me suis dit que j'avais changé, que j'étais un meilleur moi.
J'ai éprouvé de nombreuses difficultés, je me suis fait une raison, j'ai tremblé, j'ai pleuré, et j'ai été quand même plus loin, j'y suis retourné, j'ai rassemblé mon courage et j'ai cherché à savoir qui j'étais. Je suis retourné la voir.
Et, dans le chaos et la confusion, dans le silence et le fracas, dans l'acte et dans l'impuissance, j'ai eu une forme de réponse.
Je ne suis pas un amoureux transi.
Je ne suis pas un gentil garçon en train d'attendre en geignant qu'on le reconnaisse enfin à sa juste valeur.
Je suis un égoïste, je suis un salaud qui a abusé de la gentillesse d'une fille formidable, un type incapable de lui donner ce qu'elle attend, je ne vaux pas mieux que tous ceux qui lui ont fait tant de mal il y a quelques mois.
Je suis comme eux, je prends et je n'arrive pas à donner.
Aujourd'hui, je comprends mieux mes sentiments, mes erreurs, mes faux espoirs, et pourtant je ne sais toujours pas quoi faire.
La lâcher, et partir ?
Changer encore, trouver un moyen de maigrir encore, d'être plus viril, moins lâche ?
J'ai progressé dans ce que je sais d'elle et de moi, dans ce que je sais de ses envies et des miennes.
Mais je n'ai toujours pas la solution.
Je ne sais toujours pas comment briser ses longs silences mélancoliques le regard perdu dans le vide.
Si je savais qui elle attend, je pourrais peut-être changer pour être celui-là ; mais en aurais-je seulement le courage ?
En aurais-je seulement les moyens ?
Seulement j'en aurais envie.
Mais l'envie ne suffit pas toujours.

15 août 2005

Je pourrais être quelqu'un d'autre
Et ne jamais être des vôtres.
Histoire de pas mourir idiot,
Histoire de m'faire une autre peau,
Je pourrais n'pas avoir vécu
tous les pires moments de ma vie.
Je pourrais n'avoir jamais vu
Que les vagues d'une autre rive.
Seulement voilà, je suis moi.
Seulement voilà, je suis las.
Avec c'que nous avons en poche
Tentons d'avoir une vie moins moche.
Avec c'que nous avons dans l'coeur
Tentons de construire notre bonheur.
Fini d'écouter le silence,
De prendre mon mal en patience.
Dis, est-ce que je me joue de toi ?
Ou est-ce que tu joues de moi ?
Peu importe, c'est l'jeu qu'il me faut ;
Je jouerai même avec ma vie.
Parce que même ton silence est beau
Je me sens bien tel que je suis.

4 août 2005

le silence parmis d'autres choses
frappant
sourd

le silence et les feuilles au vent
doux
amour

le vent dans les cailloux
épuisant
lourd

toutes ces choses autour
rien
dedans.

27 juil. 2005

Jingle.
Musique, accroche.
Quinze secondes pour vendre.
Les gens se présentent. Une fille, un garçon. Rencontre.
L'amour est un jeu (presque) gratuit dans obligation d'achat (ou presque).
Echange deux barils X contre un beau garçon Y.
Pour être heureux, il faut prendre des risques ; La maison ne fait pas crédit, la maison n'accepte pas les chèques. Etre beau maintenant, plaire ici, ou nulle part à jamais. Coupon de réduction à la caisse.
Parfois, on fait un achat. On ne peut pas toujours se contenter de lèche-vitrines.
Pour un temps, tout se passe bien. Lot de 2 ne peut être vendu séparément. Nocturne le samedi.
Néanmoins, pour tout le monde, le temps passe. Date de péremption dépassée. Pas de garantie satisfait ou remboursé. Liquidation totale : tout doit disparaître.
Il faut passer à la caisse.
Solitude des grands magasins.
Alors on cherche encore, on croit encore pouvoir tirer le gros lot, la super promo.
Le temps a passé. Le monde a changé. En pire. Aimer, ce n'est plus faire un choix entre des marques et des produits, c'est devenu trouver le chemin vers la survie. On n'achète plus pour se faire plaisir, on achète pour ne pas crever.
L'apparence, pour masquer le fond, doit se faire plus bruyante, plus colorée, plus assomante. Toujours plus de pub en tête de gondole. Tromperie sur la marchandise ou dumping : tous les coups sont permis.
Les produits sont tous les mêmes d'un magasin à l'autre. Même le pepsi est du coca. Les soldes n'attirent plus grand monde.
Dans les hypermarchés bétonnés, on achète vite et rien.
Un prince charmant ? Aujourd'hui ? Dans la limite des stocks disponibles, voir conditions en magasin, image non contractuelle : le contenu peut varier par rapport à l'emballage.
Cela fait bien longtemps que le caddie de la ménagère est vide.
Cela fait bien longtemps que le dernier prince charmant est mort.

3 juil. 2005

Ta voix.

Ta jolie voix claire et cristalline.
La voie que tu t'es choisie, la voie vers le bonheur, la voie vers toi.
Quand tu chantes pour toi, pour les autres, tu chantes aussi pour moi.

La voix aigüe.
La voie rapide, la voix des anges, de vive voix.
La voix intérieure, celle dont tu te sers parfois pour me parler de toi.
Petit voyage, par voie maritime, voie d'eau, voie lactée, inondation de soleil. Liberté, légéreté, bonheur.
La voie des airs.

La voix grave.
La voie interdite, la voix des morts, la voix brisée.
La voix muette, ton extinction de voix parfois pour me parler de nous.
Grand voyage, par voie ferrée, voie à sens unique, en voie de disparition, voie toute tracée vers le rien. Solitude, doute, peur.
La voie désert.

Encore envie d'éclats de voix, d'éclats de rire, d'éclats de toi.
Le temps n'est pas encore venu de me taire.

Et bien moi, je te vois.

Tu vois ?

12 juin 2005

Par moments, je vois ce monde de loin.
Peut-être que mon regard recule, il se place derrière mes yeux, puis derrière mon cerveau, ma tête, et part, loin, là où tout paraît extrèmement petit, là rien n'est grave, rien n'est trop important.
Dans ces moments, rien ne me touche, rien ne dure, tout n'est que brève et inutile agitation de fourmis insignifiantes.
Il y a quelque chose de beau dans ces mouvements de minuscules insectes ; enfant je passais parfois des heures à détailler les fourmilières à la façon d'un ancien Dieu bienveillant. Je me disais que si un sinistre arrivait à la fourmilière, là, sous mes yeux, je sauverai alors les pauvres animaux comme une divinité surgie de nulle part. Et puis lorsque j'étais lassé, je partais regarder ailleurs, laissant mes anciens disciples à leur triste sort. Peut-être est-ce ainsi que le vrai Dieu agit lui aussi.
L'autre jour, j'ai observé un couple de cette façon ; je les ai regardés de loin, détaché. Curieusement, malgré tout ce que j'aurais dû éprouver, malgré le fait qu'elle est la fille que j'aime, qu'il est celui qu'elle aime, je les ai trouvé beaux, là, tous les deux, à sourire, à bouger ensemble, à échanger de fugaces regards, oui, j'ai trouvé qu'ils formaient un bel ensemble de vie. Je me suis senti si loin d'eux, si étranger, je n'avais vraiment pas le droit de prétendre toucher à ça, changer ça, avoir la moindre influence sur ça. Je peux simplement les regarder.
S'il leur arrive une catastrophe, est-ce que je serai le Dieu bienveillant qui les sauvera d'une pichenette ?
Si j'en avais le pouvoir, je crois que je le serais.

5 juin 2005

Ce soir, j'ai envie de crier.
J'ai envie de hurler, là, maintenant, envie de pousser un cri si strident et atroce que tout le monde sur Terre m'entendra.
Ce soir, j'ai envie de tuer.
Envie d'assassiner sauvagement l'être que je déteste le plus au monde : moi.
Y'a des soirs comme ça.
Ce qui m'a mis dans cet état ?
Rien de bien spécial, toujours la même chose : je ne lui plais pas.
Je crois que j'en suis arrivé à personnifier vraiment cette partie de moi qui ne lui plait pas, je l'imagine à présent comme un cancer, un parasite qui est lové au creux de mon corps ou de ma personnalité ; car enfin il y a bien quelque chose qui la rebute tant en moi, un élément que je pourrais cerner et différencier du reste de mon être. J'aimerai tant qu'elle me dise ce que c'est, que je puisse enfin isoler cette gangrène en moi, et l'arracher, l'extirper toute fumante de mon corps comme un organe pourri et la jeter aux corbeaux.
Que de temps perdu, que d'amour perdu, pour moi qui devient fou de solitude, pour elle qui perd son temps avec des mecs qui ne la rendront pas heureuse, tout ça à cause de ce parasite immonde.
Je veux le trouver.
Je veux l'étrangler de mes propres mains.
Il se donne mon nom et mon visage, mais, par pitié, croyez-moi : il n'est pas moi.

9 mai 2005

Dois-je apprendre à oublier ?
Dois-je savoir me taire ?
Est-ce que, pour respecter ceux que j'aime, pour arrêter de leur faire du mal, je dois renier mes sentiments, les refouler, les encercler, les acculer, les anéantir ?
Je m'étais petit à petit fait à l'idée que je devais changer la forme et préserver le fond, que je devais changer de ton, de silhouette, de sourire, pour faire accepter le fond à ceux que j'aime ; que ce fond généreux et amoureux était ce qu'il y avait de plus précieux en moi, comme un bijou merveilleux caché au creux de mon coeur ; qu'il était impossible de ne pas m'aimer si on me connaissait vraiment.
Encore une fois, peut-être, j'ai eu tort : tort d'être aussi arrogant et de m'imaginer exceptionnel, tort de croire que les autres étaient sensibles à la forme et pas au fond ; non, ils sont plus intelligents que je ne le crois, ils ne se laisseraient pas abuser par la forme si facilement.
C'est par conséquent le fond qui ne va pas.
Pour respecter leurs sentiments à eux, qu'ai-je fait ? Qu'ai-je fait, moi qui cherche autant à imposer les miens ? Ai-je essayé de leur laisser la place qu'ils réclamaient ? Ai-je cherché à savoir si mes désirs étaient compatibles avec les leurs ? Ai-je tenté de devenir celui qu'ils pourraient aimer, au lieu de leur dicter celui qu'ils devaient aimer ?
A présent, il me faut probablement partir, non pas partir d'un lieu, mais partir de moi, me quitter, changer, changer d'avis, changer d'envie, changer de vie.

En suis-je tout simplement capable ?

3 mai 2005

Le vent qui souffle contre la cime des arbres, les plie, les secoue ;
Mes doigts qui se glissent entre tes cheveux chauds, les mélangent, les peignent, les chahutent.

Le ressac de l'océan, inlassable, qui roule sur les galets lisses ;
Le cheminement hésitant de mes mains sur la peau de ton dos, qui monte et redescend le long du creux de tes reins.

Le vent du désert chaud et sec qui brûle la peau et soulève des nuages de sable roux ;
Ton souffle sur mon cou qui hérisse mes cheveux les plus sensibles et les fait frémir.

L'orage qui éclate et s'abat lourdement sur la Terre trempée ;
Tes ongles qui s'enfoncent dans la chair de mon dos et la labourent.

La petite racine qui pousse lentement à travers le béton, craquelant la surface hostile, la déchirant et atteignant la lumière ;
Ma main qui se faufile lentement à travers tes vêtements, ton pull, ta chemise, et qui se pose, légèrement froide, sur ta peau.

Le fleuve tumultueux qui s'emballe et coule de plus en plus vite et de plus en plus fort vers la mer et la liberté ;
Nos lèvres qui s'attaquent encore et encore et s'embrassent de plus en plus loin avec toujours plus de fougue.

Bon sang, la Terre est si belle ; j'ai tellement envie d'y vivre.
Bon sang, tu es si belle ; j'ai tellement envie de toi.

18 avr. 2005

J'avais cru être capable de changer.
Peut-être qu'on ne change pas ; peut-être qu'on est uniquement capable de faire croire qu'on est différent, de masquer la réalité aux autres.
Peut-être que toute ma vie, j'ai été un être autiste et misérable, incapable d'aimer et d'être aimé, peut-être que je suis un loser depuis toujours. On dit toujours "tu dois être toi-même, t'aimer toi-même, être fidèle à toi-même" ; et si moi-même, j'étais en réalité fait pour être seul ? Et si tous les efforts que j'ai fait pour plaire, pour amuser, pour comprendre, pour compâtir, pour aimer, n'étaient que des mascarades, de piètres tentatives de me faire passer pour ce que je ne suis pas ?
Je crois, peut-être que je ne suis pas un mec bien, je ne suis pas un mec qui peut rendre une fille amoureuse (vilaine expression, mais qui représente pourtant bien la réalité des choses), qui peut rendre une fille heureuse ; je ne suis pas un mec pour elle, ni pour aucune autre fille.
N'y a-t-il pas un certain réconfort à penser qu'on échoue parce qu'on n'essaie pas la bonne chose ? N'est-ce pas une meilleure explication à ce vide qui me broie le coeur ? Et si mon coeur était vide parce que justement je n'ai pas de coeur ?
La sensation de n'être rien, et en même temps d'être de trop.
J'avais espéré ne plus jamais la ressentir. Elle est de retour, implacable. Elle n'était pas partie, elle attendait son heure, patiemment, calmement, comme un fauve attend que sa proie sorte de sa cachette.
L'optimisme rend idiot. Le rêve rend triste. L'amour tue à petit feu.
Ne vaut-il mieux pas finalement ne pas aimer du tout ?

25 mars 2005

Mines de rien
l'air de rien
bon à rien

rien à voir
rien à dire
rien à faire

rien à battre
rien à carrer
rien à foutre
rien à branler

on n'a rien sans rien
rien que ça
rien de rien
rien du tout

rien, rien, rien, rien

23 mars 2005

toi et toi,
moi hais moi,
dos à dos,
seuls si seuls.

jour après jour
pas à pas
cas par cas,
mens vraiment
tant je t'attends.

oeil pour oeil
dent pour dent
vis ta vie
cent pourcent.

yeux dans les yeux
main dans la main
nez à nez
joue contre joue
corps à corps.

36 trucs mais une seule chose :
I am someone free

2 mars 2005

Je me sens comme la neige
Je tombe, je tombe
Et je me ramasse
Des amas de neige s'aglutinent sur les buissons au-delà de ma fenêtre, ils forment un enchevêtrement de formes, on dirait un océan de cétacés blancs qui s'ébrouent à la surface d'un océan d'écume.
Je viens de jouer dans la neige comme un gamin, encore et encore, batailles de boules de neige, lancées sur des inconnus, sur des voitures qui passent, roulades dans la neige, devant tout le monde, devant mes collègues, devant mes chefs. Je n'en ai même pas honte, j'ai passé pour un abruti devant tout le monde, et j'en ris encore.
Je suis épuisé, trempé, mes mains sont si gelées quelles tremblent et que je peine à écrire, la douleur me lance le long de mes avants bras.
Je me sens tellement léger, tellement mal. J'ai l'impression de ne plus peser que la moitié de mon poids tellement je suis tendu et triste depuis quelques jours.
Sous la neige, tout semble léger, rien n'a de consistance, les immeubles sont des châteaux de carte, les murs sont en papier, les hommes sont en mousse.
Léger comme moi, comme si je ne traînais pas cette lourdeur dans mon coeur.
J'ai eu une révélation ce week-end, et il a fallu que la fille que j'aime souffre beaucoup pour que je comprenne à quel point je lui ai fait du mal. J'ai compris que je me détestais.
Je me hais.
Peut-être comprendra-t-elle que les reproches que je lui ai faits, je me les faisais à moi-même, les mots durs que j'ai aboyé, ils m'étaient destinés, la rancoeur poisseuse que j'ai accumulée, j'en suis la cible.
Peut-être comprendra-t-elle à quel point je regrette de lui avoir fait subir cela alors qu'elle avait besoin de réconfort, alors que je voulais justement l'aider.
Jamais dans ma vie je ne m'étais senti aussi épuisé, honteux, anéanti, coupable.
Je crois que maintenant que j'ai découvert qui était était le responsable de mes tourments, maintenant que je tiens cette crapule qui a mon nom et mon corps, je vais le traîner devant les tribunaux de mon coeur, je vais énoncer les chefs d'accusation, un par un, je vais le confondre avec les preuves accumulées, je vais l'acculer jusqu'à ce qu'il avoue, qu'il crie grâce, et j'espère, en levant les yeux, croiser le regard de la fille que j'aime dans le box des jurés.
Le verdict sera sévère.
Qui aime bien châtie bien.

24 févr. 2005

Je suis fait pour quoi ?
Je suis fait pour rire
Je suis fait pour boire
Je suis fait pour vivre
Je suis fait pour parler
Je suis fait pour écouter
Je suis fait de neige
Je suis fait d'hiver
Je suis fait de rien
Je suis fait de chair et de sang
Je suis fait d'armes
Je suis fait de travers
Je suis fait comme un rat
Elle est faite pour chanter
Elle est faite pour partager
Elle est faite pour rêver
Elle est faite pour profiter
Elle est faite pour pleurer
Elle est faite pour aimer
Elle est faite de malheur
Elle est faite de regrets
Elle est faite d'envies
Elle est faite de loin
Je suis fait pour elle
Je suis fait d'elle
Mais qui a la prétention de pouvoir nous faire ?

23 févr. 2005

dessus dessous la neige
marin d'eau sous le ventripotant
les refuges
blancs

sous le vent des remords, j'ai tort
sous le vent des regrets, je sais
sous le vent des scrupules, fabule

fabuleureusement.

1 févr. 2005

Fruit
Fruit du hasard
Fruit du pêché
Fruit du désir
Baisers au goût de fruit, baisers au goût de pomme
Le sucre qui coule sur la langue, dans la gorge
Pomme d'api, Pomme de pin, Pomme de Terre
Pomme d'amour
Ca va encore être pour ma pomme
Je cultive, je ratisse, je sème, je regarde pousser, c'est lent, c'est comme regarder pousser les montagnes, suivre les migrations de cailloux, vider les fleuves dans les océans, deviner derrière les nuages la lune qui tombe sur la Terre
Moi, pêche, j'ai la pêche, la pêche de vigne
Je récolte, je distribue, un peu honteux, tout seul, pour elle
Elle croque, elle joue, elle prend des photos, elle se souvient
Croquer la vie, croquer les pommes, croquer les hommes
Que deviennent les trognons d'homme ? Faut-il les jeter, ou les recycler ?
Si on plante un trognon d'homme avec tous ses pépins, est-ce qu'il pousse un arbre de vie ?
Homme d'api, homme de pin, homme de Terre
Baisers au goût d'homme
Homme d'amour

24 janv. 2005

Isabelle, c'est la chef de notre chorale
Isabelle, sans elle, on n'est rien
Elle est devant toute seule devant nous trente et quelques
Elle nous parle et on l'écoute, elle chante et on voudrait faire pareil
On voudrait apprendre d'elle plus encore et lui rendre un peu tout ce qu'elle nous donne
On voudrait partager plus encore, on voudrait ce regard, ce remerciement avec les yeux, après chaque morceau
On voudrait son sourire, on voudrait sa force, on s'abreuve, on voudrait l'innonder de beauté
On voudrait ne jamais la décevoir et lui faciliter la vie.

Je le savais bien qu'elle était malade samedi, les autres me regardaient incrédules : oui, elle a peut-être un gros rhume. Moi je la voyais se battre pour que rien ne se voie.
Je la vois encore à la fin du concert, seule, on aurait dit perdue, "ça va ?" je lui fais tout simplement.
Elle de sourire encore ne toujours pas se laisser aller.

Rentrée chez elle en saignant du nez.
Pas de répétition ce soir
"Isabelle est souffrante".

13 janv. 2005

Pourquoi parler aux autres ?
Pourquoi ne se sent-on vivre que lorsqu'on parle aux autres ?
Est-ce que nous avons besoin que les autres nous voient afin d'exister ?
C'est étrange de voir à quel point les sentiments de certaines personnes s'imprègnent dans le coeur des gens qui les aiment, comme du sang dans une éponge.
J'avais cru, j'avais voulu te dire des choses qui me tenaient vraiment à coeur, bien à coeur, j'avais envie de pleurer tout contre toi et de te dire ce que je ressentais, et je l'ai fait, et je croyais, naïvement, que je partageais quelque chose avec toi, que je te parlais, que tu m'écoutais, que nous étions ensemble en train de communiquer, de vivre.
Je sais à présent que j'ai eu tort, que j'étais juste lourd, décalé, triste. Je sais à présent que j'étais seul sur ce canapé.
Un corps mort. Juste un objet qui fait du bruit.
Il arrive qu'on souffre énormément. C'est la vie. Dans la vie, beaucoup de choses font mal, il n'y a pas à s'en inquiéter, c'est l'ordre naturel des choses. Le corps s'en remet mais l'esprit est mortellement touché. Ce n'est pas grave, au final, c'est le corps qui contrôle l'esprit.
Il ne me reste plus qu'à attendre cette fin.

9 janv. 2005

écrit ça, le 31 décembre 2004, dans un couloir où la lumière s'éteignait à chaque début de ligne, et se rallumait à chaque fin de ligne parce que ma main passait dans le champs du radar..

une illumination
la raison dans les champs les champs je traîne
Je traîne dans le noir et l'effroi je ne sais
Que dire et que rester où être où semer
où savoir où va l'avenir dans les champs
Planter les illusions si profond si bleueus
Et si pâle au milieu des rivages s'il
était seulement un visage noble fort et
grand et surtout libre, en tout liberté
se lover, se lover dans mes bras pour rien
pour aucune raison parce que tout va bien
avec ou sans moi parce que tout est comme
ça doit ça doit être l'amour ça doit être pour
toujours ou au moins faire semblant faire
comme si oublier les oublis et les règles établies
il n'y a plus rien, plus rien d'établi et si
j'aime un inconnu c'est que l'inconnu m'aime.
laissez-moi aimer le vide, le trou, l'air, comme si
un homme allait me prendre dans ses bras, forts,
et doucement, lentement, m'emmener ailleurs.