9 mai 2005

Dois-je apprendre à oublier ?
Dois-je savoir me taire ?
Est-ce que, pour respecter ceux que j'aime, pour arrêter de leur faire du mal, je dois renier mes sentiments, les refouler, les encercler, les acculer, les anéantir ?
Je m'étais petit à petit fait à l'idée que je devais changer la forme et préserver le fond, que je devais changer de ton, de silhouette, de sourire, pour faire accepter le fond à ceux que j'aime ; que ce fond généreux et amoureux était ce qu'il y avait de plus précieux en moi, comme un bijou merveilleux caché au creux de mon coeur ; qu'il était impossible de ne pas m'aimer si on me connaissait vraiment.
Encore une fois, peut-être, j'ai eu tort : tort d'être aussi arrogant et de m'imaginer exceptionnel, tort de croire que les autres étaient sensibles à la forme et pas au fond ; non, ils sont plus intelligents que je ne le crois, ils ne se laisseraient pas abuser par la forme si facilement.
C'est par conséquent le fond qui ne va pas.
Pour respecter leurs sentiments à eux, qu'ai-je fait ? Qu'ai-je fait, moi qui cherche autant à imposer les miens ? Ai-je essayé de leur laisser la place qu'ils réclamaient ? Ai-je cherché à savoir si mes désirs étaient compatibles avec les leurs ? Ai-je tenté de devenir celui qu'ils pourraient aimer, au lieu de leur dicter celui qu'ils devaient aimer ?
A présent, il me faut probablement partir, non pas partir d'un lieu, mais partir de moi, me quitter, changer, changer d'avis, changer d'envie, changer de vie.

En suis-je tout simplement capable ?

3 mai 2005

Le vent qui souffle contre la cime des arbres, les plie, les secoue ;
Mes doigts qui se glissent entre tes cheveux chauds, les mélangent, les peignent, les chahutent.

Le ressac de l'océan, inlassable, qui roule sur les galets lisses ;
Le cheminement hésitant de mes mains sur la peau de ton dos, qui monte et redescend le long du creux de tes reins.

Le vent du désert chaud et sec qui brûle la peau et soulève des nuages de sable roux ;
Ton souffle sur mon cou qui hérisse mes cheveux les plus sensibles et les fait frémir.

L'orage qui éclate et s'abat lourdement sur la Terre trempée ;
Tes ongles qui s'enfoncent dans la chair de mon dos et la labourent.

La petite racine qui pousse lentement à travers le béton, craquelant la surface hostile, la déchirant et atteignant la lumière ;
Ma main qui se faufile lentement à travers tes vêtements, ton pull, ta chemise, et qui se pose, légèrement froide, sur ta peau.

Le fleuve tumultueux qui s'emballe et coule de plus en plus vite et de plus en plus fort vers la mer et la liberté ;
Nos lèvres qui s'attaquent encore et encore et s'embrassent de plus en plus loin avec toujours plus de fougue.

Bon sang, la Terre est si belle ; j'ai tellement envie d'y vivre.
Bon sang, tu es si belle ; j'ai tellement envie de toi.