31 janv. 2006

Vivre machinalement
Vivre comme un robot
Aller quelque part
Revenir
Partir encore
Tourner rond
Tourner en rond
Respirer
Transpirer
Suer l'huile
Voir
Sentir
Analyser
Stocker
Et croire comprendre
Et croire savoir
Puis agir comme on nous l'a dicté
Suivre son programme
Le programme a été écrit par nos parents, nos professeurs
Et croire naïvement qu'on l'a écrit nous-mêmes, puis finalement découvrir à quel point nous sommes enchaînés
Etouffer
Angoisser
Est-ce que même nos sentiments ont été programmés ?
Est qu'aimer non plus n'est pas être libre ?
Tourner en rond
Tourner pas rond
Tourner vieux con

20 janv. 2006

Je souffre d'un complexe d'infériorité.
Je me sens, non, je me sais tellement petit, faible, inexpérimenté, maladroit, idiot.
Il est des domaines (cadre professionnel, études, amis, aptitudes physiques) où je me sens au contraire si bien, si sûr de moi, il n'est rien qui peut m'arrêter ou me donner l'impression que je fais quelque chose de mal. Je sais tout faire, et si jamais je me retrouve face à un problème inconnu, j'ai une entière confiance en mes capacités d'improvisation : je trouverai toujours un moyen.
Il est d'autres domaines (théâtre, dessin, bref, tout ce qui est artistique) où je me suis cru supérieur. J'ai cru pendant des années être un acteur de théâtre exceptionnel, je pensais pouvoir tout jouer, tout feindre, être drôle en toute circonstance. Heureusement (?) d'autres gens ont réussi à me montrer que j'avais tort, ce qui ne fut pas une mince affaire. Depuis, je sens que je stagne, je n'arrive pas à progresser, et pourtant, malgré la peur de mal jouer, malgré les dessins ratées, j'y prends toujours autant de plaisir.
Et enfin, il y a le reste : les domaines où je sais définitivement que je suis mauvais et que je ne ferai rien de bon. L'amour, la séduction, le sexe (un peu moins, j'ai heureusement été décomplexé en grande partie), les "femmes". Ma nullité crasse dans ce domaine est la brique de base de ma pensée, je ne pars pas seulement perdant d'avance : je suis l'échec jusque dans mes moindres pensées. Aujourd'hui je commence à guérir de cette lente maladie qui m'a accompagné pendant tant d'années.
Je viens de mesurer le chemin à parcourir, et il est long.
J'ai toujours adoré marcher longtemps sans trop savoir où j'allais. Reste à espérer que, contrairement à mes randonnées, cette fois je ne reviendrai pas au point de départ.

9 janv. 2006

Figurez-vous qu'il y a peu de temps, j'ai décidé de devenir sûr de moi.
Et aujourd'hui, je dois assumer ce choix.
Et jamais je n'aurai cru que ça serait aussi difficile.
Alors, c'est ça, être sûr de soi ?
C'est dire des choses idiotes sans vraiment les penser, déclencher des vexations puis des disputes et devoir les mener à leur triste terme sans jamais pouvoir revenir en arrière ?
C'est expliquer aux gens qu'on mérite leur confiance puisqu'ils ont la nôtre, alors qu'au fond de nous on se méfie d'eux à chaque instant ?
C'est regarder son coeur d'un oeil extérieur en tentant de le déchiffrer alors que le coeur est toujours derrière nous à nous pousser ?
Bref, c'est s'engager en improvisant à chaque seconde, se lancer sans jamais être sûr, tomber sans savoir atterir.
Moi, l'acteur, j'aurai voulu ne pas improviser ma vie, j'avais tant de certitudes, mais elles ne faisaient que masquer ma lâcheté : à force de vouloir être certain je ne faisais rien car j'avais trop peur, et, justement, on me montrait du doigt en m'accusant de ne pas "être sûr de moi", alors que c'était tout le contraire, j'étais absolument certain de tout ce que je faisais, c'est à dire presque rien. Aujourd'hui je me mets à prendre des risques et je m'en sens à la fois honteux et grisé, comme un enfant qui vient de voler des bonbons au marchand : pour l'instant je n'ai pas été pris, mais qui sait de quoi l'avenir sera fait ?
J'ai décidé de ne pas m'en faire et de manger les bonbons.